Dialogue de chambre

Max : La ola, Robert, comment as-tu dormi ?
Robert : J’ai mal à mon petit orteil.
Max : Au point tu en es…
Robert : Oh ça va !
Max : Alors, douche ou toilette au lit ?
Robert : Douche intégrale.
Max : Tu prends des risques. Rasage avant ? C’est toi qui décide.
Robert : Je suis négligé ?
Max : Tu es toujours séduisant, ça ira !
Robert : Envoie le palan !
Max : Laisse moi le temps de te sangler, aussi ! Et de m’organiser.
Robert : Oh oui, j’aimerais ne pas rester nu en l’air pendant que tu prépares le lit.
Max : Ah bon ? Tu ne confondrais pas avec un autre intérimaire ?
Robert : Pas beau de balancer tes collègues
Max : Je me défends, nuance ! Tu peux m’accuser de tout mais pas de négligence.
Robert : Je me plaindrai pour ton humour douteux !
Max : Là, tu peux ! Mais ton fauteuil électrique est en panne. Faudra attendre un peu !
Robert : Je suis au courant.
(Après la douche)
Max : Alors quelle chemise veux tu ?
Robert : La grise à pois rouges.
Max : Je ne la vois pas dans tes affaires.
Robert : Tu es aveugle en plus d’être sourd !
Max : Je l’entends pas de cette oreille. Ah si, vu.
(Habillage et remise au lit pour mettre le pantalon)
Max : Bon, maintenant, tu te démerdes de mettre tes bas de contention.
Robert : Mais eeuuuuh…
(Mise du collant et pantalonnage)
Robert : Pantalonnage ?
Max : Oui, j’aime bien inventé les mots. T’as compris le principe, je suppose ?
Robert : Presque.
Max : Allez, c’est tout bon. Il ne me reste plus qu’à t’installer sur le fauteuil électrique.
Robert : Je croyais qu’il était en panne.
Max : Tu as bien suivi. Mais l’ergo va passer dans 3 minutes et tu devrais pouvoir circuler en toute liberté !
Robert : Oh joie !
(Mise en fauteuil après un temps d’accompagnement de 45 minutes)
Max : Et voilà, c’est tout ! Plus besoin de rien ?
Robert : Nan, ça va ! Merci.
Max : Très bien, à tout à l’heure !

(Dialogue presque fictif 😀 – ça va me manquer tiens. Formation LSF tout le mois d’octobre et reprise d’intérim en novembre)

Nos ainés

Nos vieux, si tout se passe bien, nous serons comme eux.

Nos vieux sont nos histoires singulières, particulières, uniques.

Nos vieux sont des jeunes qui ont eu des idéaux, des rêves, des passions.

Nos vieux sont nos mémoires, nos vies remplies de souffrance et de joie.

Dans un village de la brousse sénégalaise, un vieux couple enlèvent la coque des arachides pour nourrir leur entourage.

Dans nos contrées françaises, un vieux couple sont seuls dans une maison, regardant hagard un ciel pluvieux.

Au coin du feu, autour des jeunes et des adultes, une vieille dame leur raconte une histoire. Pas de murmures et de ricanements brisent l’aura de la conteuse.

Chez nous, la grand-mère est déjà dans sa chambre loin du brouhaha de sa famille, qui se chamaille, l’ont mis à l’écart parce qu’elle radote.

Au pied d’un immense manguier, sur une natte, sont assis des vieux en silence avec fierté. Des gens du village viennent les consulter pour des conseils de récolte, d’éducation de leurs enfants.

Dans les maisons de retraite, ils sont parqués dans un salon, figés comme des statues en attendant le repas.

Mes vieux, mes grands-parents,  sont morts et j’aurai tant bien aimé parler avec eux, connaître encore plus leurs vies, qu’ils se réjouissent de ce que nous vivons, qu’ils nous accompagnent dans nos épreuves avec confiance et espérance.

Quelle relation avons-nous avec nos vieux ? Quel lien, quel regard avons-nous envers eux ?

Mettons-nous à leur place.

Comment j’aurai aimé qu’on s’occupe de moi ? De quelle manière pourrait me respecter dans ma dignité, ma liberté malgré mes dépendances ?

Comment j’aurai aimé qu’on me voie, qu’on me considère, qu’on me reconnaisse ?

Ils sont toujours des adultes, des individus qui méritent de la bienveillance, de la douceur, de la tendresse même s’ils nous renvoient des choses difficiles dus à leur âge. Ne les enfermons pas dans leurs pathologies, dans leurs maladies etc…

Ils ont chacun leur place dans la société à leur manière.

Que je vous rassure, chez nous, je connais des maisons de retraite qui respecte chaque personne âgée, une volonté de l’intégrer et de lui laisser une place en toute liberté.

Donnons-leur la possibilité de continuer à vivre dans une ambiance de joie, de sérénité, de créativité malgré les douleurs, les souffrances.

Nos vieux, que leurs fins de vies soient la meilleure possible.

Nos vieux ? On devrait dire nos aînés ?
Qu’en ces temps difficiles, prenons encore plus soin d’eux !

Kolda et Ballade 041
Couple jeune depuis longtemps décortiquant des arachides au Sénégal, 2007 !

Etre un père sourd

Etre père, c’est déjà un métier chaque jour. C’est parfois une évidence que nous oublions. Même si je m’étais préparé, en échangeant avec des amis, en lisant des livres sur la parentalité positive, la réalité du terrain est tout autre.

Je me souviens qu’à l’arrivée de ma fille, je m’étais surpris sur ma capacité à être patient. J’avais de la chance, elle faisait ses nuits et je ne stressais pas quand j’éteignais mon appareil auditif. J’avais une baby-phone en or : ma femme.
Ma surdité n’était pas un  problème puisque la communication avec ma fille passait par le regard, les gestes. Au fil des mois, elle a apprit des signes à la crèche, avec sa nounou. Pour info, elle entendait très bien. Même maintenant, faut faire gaffe à ce que l’on dit, même en chuchotant.

J’avoue quand ma femme s’absente, même avec un baby-phone vibrant, je ne suis pas tranquille. Je mets mon appareil auditif pour la nuit mais je dors très mal. Ce qui est souvent dommage car elle dort bien, et je suis crevé quand elle se réveille toute fraîche, toute vive.

En restant dans le domaine de la surdité, ce qui me cause soucis et me fait mal aux oreilles, ce sont les cris qu’elle fait. Certes, pour les entendants, c’est désagréable mais pour moi, avec un appareil auditif, c’est comme une craie crissant sur un tableau. Même en éteignant mon appareil, ce qui est rare, je l’entends. Son cri dépasse les 80 décibels.

Sans rien vous apprendre, un enfant, quand ça joue, c’est bruyant. Et le bruit, pour un sourd appareillé, c’est deux fois plus fatiguant. Je pourrai couper mon appareil mais je fais le choix de ne pas le faire pour être vigilant et être sur que tout va bien. Bien sur, la vue peut arranger beaucoup de choses. Je vais vérifier de temps en temps. Parfois, le silence qui dure est très mauvais signe (A part si elle s’est endormi, bien sûr). Puis être à l’affût si elle m’appelle.

Alors quand nous sommes fatigué par le travail, épuisé ou bien malade, avec des douleurs en permanence, c’est plus difficile d’être patients, d’être à l’écoute. Normal, je ne suis pas un super papa. Je suis humain comme tous les autres papas. Je fais comme je peux et on se passe le relais quand ça devient difficile. C’est pour cela que c’est important d’avoir des amis, de la famille. De pouvoir compter sur des personnes pour se reposer un petit temps.

Y en a sans doute qui y arrivent mais nous sommes pas tous égaux pour répondre aux besoins de l’enfant, en fonction de leurs âges. Chacun est plus à l’aise avec des petits et d’autres, non. Et inversement. Là, ma fille a bientôt trois ans. C’est un sacré cap de la vie d’un enfant où l’on passe de supers moments de complicités et des moments de frustrations énormes pour l’enfant. Ce n’est qu’un passage. J’en bave personnellement avec ses cris perçants. Cela me donne des maux de crâne.

Heureusement, je me régale à l’entendre jouer, à l’entendre parler, à commencer à raconter des histoires avec ses peluches. La cerise sur le gâteau, c’est quand elle chante. C’est sûr, ce n’est pas de moi que ça vient. De son père, c’est surtout les mimiques et ses gestes pour exprimer sa joie et son désaccord.
Bref, comme je suis très expressif, il me semble, elle est aussi très expressive.
Je ne vous apprends pas, les enfants sont des éponges. Nous veillons au maximum que l’ambiance de la maison soit sécurisant pour elle. Mais facile à dire qu’à faire.

Un truc que j’ai mal à contrôler du fait de ma surdité, c’est la force de ma voix. J’ai tendance à parler fort et surtout à prendre des tons inappropriés. Je m’en rends compte en fonction de la réaction de ma fille. Quand ma femme est là, elle n’hésite pas à me le dire. faut une sacrée dose d’humilité pour se faire remettre à sa place de manière juste, même si c’est involontaire.

Je lui ai appris à ne pas toucher à mon appareil auditif. Elle en a bien conscience même ça lui ait déjà arrivé de me l’arracher sur le coup de la colère. Une seule fois en trois ans! L’année dernière, elle s’amusait à mettre des objets dans son oreille pour avoir un appareil comme son père. Elle faisait cela avec des bouts de mouchoirs et même des mies de pain.

Et la langue des signes ? Elle l’utilise parfois quand je n’ai pas compris une demande. C’est très rudimentaire bien sûr. Quels signes utilisent-elle ? Gâteau (son premier signe), encore, s’il te plait, merci, jouer, chocolat, peur, danser.

Bref, je suis avant tout un père qui s’ajuste chaque jour, qui fait au mieux, peut faire des erreurs. En gros, toute une vie pour grandir en tant que père avec mes spécificités.

Lettre d’un enfant sourd à ses parents en vidéo et en texte

Texte écrit en septembre 2016, et sera présent dans mon futur livre 🙂

 

Je suis sourd. Vous avez appris que je suis sourd.

Je voudrais tant découvrir le monde et l’entendre.

L’entendre avec mes mains, mes yeux, ma bouche.

Ne m’enfermez pas dans vos choix. Je serai toujours sourd.

Même si vous m’implantez, je ne serai jamais entendant.

Même si vous m’appareillez, je resterai toujours sourd.

Vos choix seront vos choix et elles peuvent évoluer.

Que rien ne m’empêche à apprendre la langue des signes,

Si je veux pouvoir communiquer, avoir une identité.

La langue des signes n’est pas égale à l’illettrisme.

C’est une langue à part, avec ses richesses.

Je pourrai très bien ne pas l’apprendre

Mais je souhaiterai que vous me laissiez le choix.

Le choix de connaitre la culture sourde avec sa diversité.

C’est tout autant de diversité et de richesses que chez les entendants.

Je suis avant tout votre enfant, avec une surdité qui fait partie de ma personne.

 

Laissez-moi grandir.

Laissez-moi le temps de découvrir.

Laissez-moi le temps de comprendre.

Laissez-moi le temps d’apprendre.

 

Ne me laissez pas seul sans repères.

Ne me laissez pas seuls sans pairs.

 

Ne projetez pas vos désirs d’adulte sur moi.

Ne me faites pas mettre des vêtements de désirs.

Ne me faites pas de moi une star même si je le désire.

Osez me dire non et n’ayez pas peur que je sois en émoi.

 

Il me faut grandir dans la frustration.

Il me faut grandir dans l’insouciance.

 

J’ai besoin de la vie, cette science

De l’humanité pleine de distractions.

 

J’ai besoin de me sentir en sécurité

J’ai besoin d’amour et de vérité.

J’ai besoin de votre pardon

 

J’ai besoin que vous reconnaissiez vos erreurs.

Ne me laissez pas dans mes terreurs,

Mes angoisses même si je ne dis rien.

 

J’ai besoin de me tromper, d’expérimenter

Mais ne me laissez pas sombrer dans la colère

Ni même dans les frayeurs, les inquiétudes.

 

J’ai besoin de tendresse, de plénitude

Dans vos actes et vos mots chaque jour

Je vous aimerai sans cesse, toujours.

 

N’oubliez pas que je reste un enfant.

Je ne suis pas un adulte en miniature.

Ne me laissez pas en pâture

Devant la télévision sur le divan.

 

Je crois en vous. Vous êtes mes modèles.

Tout ce que vous ferez, je le ferai.

Tout ce que vous direz, je le dirai.

Aidez-moi à voler de mes propres ailes.

 

@Copyright Vivien Laplane – 2016

Diagnostiqué !

Ce lundi, je suis parti à l’hôpital pour faire une batterie de test. Je n’avais pas très bien compris pourquoi. Une batterie, c’est ce que ma mère m’avait dit. J’ai dû louper le collège et rencontrer plusieurs médecins et d’autres personnes. Cela a duré une semaine. Pour mon bien, m’avait-on dit !

Et maintenant ? J’ai rencontré une psychologue, un neuropsychiatre, une orthophoniste, une psychomotricienne, un psychiatre, et des noms bizarres dont je ne me souviens plus.

A cause de cela, j’ai loupé mon activité favorite telle que le rugby que j’avais le lundi soir et le mercredi après-midi. J’ai pu rentrer dormir à la maison mais dans la journée, j’ai dû attendre parfois longtemps dans une chambre avant de voir une personne. Oh j’avais quand même des revues de gamins et du coloriage.

Un samedi matin, maman a reçu le courrier. C’était pour dire ce que j’avais. Un médecin nous donnait rendez-vous dans deux semaines pour en parler.

J’ai un syndrome de Doctuche de Mortan. Je suis dysprachique. Je suis dysfolique. Je suis dysmorphique et enfin j’ai une déprésurisation à tendance sicidaire.

Tous ces mots me plombent ma journée. Je ne sais plus quoi faire. Je suis un peu perdu et ma mère est complètement désorientée. Mon père ? N’en parlons pas, il est complètement ahuri et il est parti abattre des arbres qui menaçaient de tomber sur notre maison. Cela m’a donné un effet bombe atomique.

Je me sens étiqueté, ficelé, emprisonné dans quelque chose que je ne veux pas. Je sens une colère bouillir en moi et j’ai envie de pleurer en même temps.

Et mes talents, qu’est-ce qu’on en fait ? Ce que je sais faire, que vas- t-on en faire ? Est-ce qu’on va me regarder comme un syndrome à deux pattes dont il faut prendre soin et guérir les symptômes.

Je me sens à la fois perdu et lucide. Je me sens parfois naïf, idiot mais aussi j’ai des lueurs d’intelligence. C’est ce qui me rassure. Cela m’arrive d’avoir un esprit critique et je me surprends d’en avoir. Cela me fait plaisir. Mais ça, personne ne l’a relevé. Et c’est frustrant. Non, c’est pire ; C’est injuste.

Voilà, on m’a diagnostiqué ! On m’a étiqueté.

(Histoire imaginée selon des faits réels)

Bébé explore

Bébé rampe

Décapant le sol

Bébé parcourt son univers

Faisant fuir la poussière.

Les prises électriques

Jubilent, sadiques.

Les doigts restent loin

Au bon soin

Parentale.

Bébé s’étale,

Un petit cri surgit

Mais son cœur rugit

Pour explorer le monde.

Bébé esquive les jeux

Pour embrasser avec enjeu

Les interdits et les mystères.

Un petit regard malicieux

Vers une figure familière.

Pour bébé, tout est audacieux.

Voyage d’un jeune réfugié vers l’inconnu – 1

(Récit imaginé en m’inspirant des faits réels)

 

Je suis angoissé. Je respire tout doucement.

Je monte dans le bus vers une destination à peine choisie.

J’ai pris au pif. La Provence. Pourquoi cette région ?

Pour avoir plus chaud sans doute.

Je suis fatigué. Je tremble de froid. Ou de peur ?

Je ne comprends pas ce que me disent les français.

A peine quelques mots. Mais je peux sentir si c’est contre moi ou pas.

Par leur voix, leur mimique du visage. Surtout le regard.

Heureusement, j’ai un ami avec moi. Un ami de mon pays.

Comme la plupart de ceux qui ont vécu dans la jungle,

On a bravé le désert, les violences des passeurs, les tortures.

Puis l’infinie eau salée qui pouvait nous engloutir à tout jamais.

J’avais confiance malgré tout. Je n’avais plus rien à perdre.

J’avais tout à gagner en fuyant les bombes qui ont dévasté mon village.

Mes parents n’ont pas survécu. Mes trois frères sont partis vers l’Angleterre.

Je ne sais pas s’ils sont vraiment arrivés. Je n’ai plus réussi à les joindre.

Abdul, mon ami, n’a pas voulu me lâcher pour me lancer à la recherche de mes frères.

Et surtout pour trouver un lieu où nous pourrions vivre et non plus survivre.

Me voici donc dans le bus, assis sur du plastique qui protège les fauteuils.

Je ne me sens pas contagieux pourtant. J’ai pu prendre ma douche hier.

Froide certes,  mais une douche quand même.

Un blanc m’a offert un IPAD pour que mon voyage soit moins pénible.

Que puis-je craindre ? Que le bus chavire ou coule ?

Cela m’a l’air plutôt stable.  Mais est-ce que le chauffeur n’est pas un pourri

Qui pourrait nous abandonner en plein milieu du pays sans savoir où l’on pourrait aller ?

C’est idiot. On nous a promis qu’on serait en sécurité et qu’il y aurait des gendarmes pour veiller sur nous.

Faut leur faire confiance. Je n’ai pas le choix. Même si j’ai vécu une très mauvaise expérience en Hongrie. Je préfère ne pas en parler.

Si je devais me méfier de tout, je ne pourrai plus vivre. Je suis déjà angoissé à la base. Ce n’est pas la peine d’en rajouter une couche.

Le bus roule depuis un temps. Cela me semble une éternité ce voyage et pourtant, je suis de plus en plus apaisé.

Quand trouverai-je mes frères ? Sont-ils encore vivants ?

Dieu seul le sait.

(A suivre)

Survie dans un taudis

Il fait froid et humidasse.

Jimmy tente de se réchauffer.

Les murs sont très mal isolés.

Un courant d’air désagréable se faufile sous la porte d’entrée.

Les moisissures prennent leurs aises dans les recoins de la salle de bains

Et de la cuisine.

Il voit la vaisselle s’accumuler. Il n’a pas le temps.

Il veut fuir de son studio pour aller au travail.

Son studio ? C’est plutôt un cagibi ouvert aux fantômes.

Aux mauvais esprits qui encombrent ses pensées.

Jimmy aimerait bien prendre le temps de réfléchir

Mais comment ? L’Esprit financier le tourmente.

Il a peur de ne pas finir le mois.

L’Esprit de la faim le guette à tout moment.

L’Esprit de la santé a pris ses vacances.

L’Esprit de la soif l’enveloppe parfois

Quand il ne peut plus payer l’eau.

L’Esprit d’Amour a fait ses valises pour un temps

Car il est trop encombré par ses esprits qui le fait plier de douleurs, parfois.

Mais l’esprit d’Espérance est toujours là, discret malgré tout.

Jimmy ne chancèlera pas, il ne veut pas finir dans la folie.

Il le pourrait avec sa solitude dans ce taudis.

Il cache sa détresse à ses collègues de travail.

Ils ne le savent pas. Il a trop honte.

A quoi bon ? On le considère comme un travailleur modèle.

Il ne veut pas briser ce mythe.

On verrait une incohérence entre ce qu’il vit chez lui et à son boulot.

Il ne voudrait pas être rejeté, renié, trahi.

Son travail, c’est ce qu’il aide à tenir.

Alors il ne peut pas se permettre de ne plus avoir d’emploi.

L’esprit du désespoir pourrait pointer ses gros sabots.

Que vaudrait alors sa vie ?

 

Le mal-logement n’est pas une fatalité. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant devrait vivre dignement, avec un minimum de confort.

Est-ce que l’homme, accaparé par tant de soucis ou qui vit dans l’inconfort permanent, peut prendre le temps de réfléchir, de débattre et penser à l’avenir de son quartier, de sa ville, de son pays ou de sa planète ? Tout dépend de ses priorités.

Trouver des mots pour dire

Il tente de trouver les mots pour dire.

Pour se dire et comprendre. Guérir.

Apaiser les maux qui le tourmentent.

Mais il ne sait pas. Il ne trouve pas.

Ses angoisses s’éternisent et sa tête lui semble exploser.

Un rien peut l’agacer.

Il est tiraillé entre se taire et exploser.

Il voudrait bien crier mais quoi ?

Dire n’importe quoi ? Est-ce bien utile, raisonnable, justifié ?

Trouver un juste milieu, cela serait bien

Mais il ne voit pas comment il pourrait le dire.

Avec quels mots pour dire ce qu’il ressent, ce qu’il l’habite au plus profond ?

Il sait pourtant mais n’est pas certain.

Est-ce que ce sont bien ces mots-là qui l’enveloppent, le transportent.

Parfois des larmes tentent de s’échapper mais il les refoule.

Par peur d’être jugé et de se sentir dégradé, d’être submergé par ses émotions.

Alors quoi ?

Il a parfois besoin d’expirer fortement tellement il est oppressé.

Des grands soupirs pour tenter de s’ouvrir

Et d’accueillir de la fraîcheur, de la nouveauté.

Comment pourrais-t-il trouver ses mots ?

Des mots lourds ?

Des mots légers ?

Des mots tout simples et précis.

Des mots qui pourraient alléger.

Peut-être que les mots ne lui suffiront pas.

Y a aussi des mots imagés

Pour faire voyager

Des mots sonores

Qui vaudraient de l’or

Des mots tactiles

Pour des sensations subtiles.

 

 

Prenons le temps d’abord de discuter de tout et de rien, avec le temps, avec confiance.

Puis des mots sortiront en fonction du climat d’écoute, d’amitié, de bienveillance.

Nous pouvons jongler entre le rire et les larmes.

Laisser la vie émerger sans honte, sans remords.

Laisser la vie faire son chemin en lâchant ses freins, ses peurs.

Mais ce n’est pas rien.

Un cadre sécurisant nous est nécessaire pour évoluer et larguer les amarres quand nous nous sentirons prêt, un minimum.