Bébé explore

Bébé rampe

Décapant le sol

Bébé parcourt son univers

Faisant fuir la poussière.

Les prises électriques

Jubilent, sadiques.

Les doigts restent loin

Au bon soin

Parentale.

Bébé s’étale,

Un petit cri surgit

Mais son cœur rugit

Pour explorer le monde.

Bébé esquive les jeux

Pour embrasser avec enjeu

Les interdits et les mystères.

Un petit regard malicieux

Vers une figure familière.

Pour bébé, tout est audacieux.

Joie d’un père

Je la contemple, ma fille.

Elle sourit comme une fleur

Toute innocente, sans artifices.

Je l’admire, loin des tracas du monde

Suspendu loin du temps qui passe.

L’émotion n’est pas loin.

Elle gazouille, joue avec ses mains.

Une merveille pour une éternité

Une vie à construire, la plus épanouie possible.

Même dans le silence, j’entends battre son cœur.

En toute simplicité, j’accueille ce qui advient

Là, et les soucis paraissent éphémères.

J’aime ces temps d’observations

Puis les moments de complicité

Où l’on s’observe tout simplement

Sans arrière pensée, sans jugements.

Comme c’est bon ces petits instants

A les goûter à chaque fois.

Mes colères contre l’injustice s’apaisent.

Mes tristesses disparaissent.

Je comprends un tout petit peu mieux.

Un petit bout bouleverse toute une vie.

Et ça continue chaque jour

Où l’inattendue nous guette toujours.

L’émotion m’étreint.

Joie profonde.

Je vis.

Elle vit.

Nous vivons

Bébé a faim

Bébé a faim

Le biberon chauffe

Son ventre s’échauffe

Bébé crie sans fin

Son estomac crie famine

Et sa tête devient rouge.

Ses cordes vocales s’affinent

Pour que je me bouge.

Enfin le lait prêt à être bu,

La tétine effleure ses lèvres.

Une pure délivrance sans fièvre.

Une véritable joie sans abus.

Après avoir tout avalé, bien repus

Bébé envoie son rôt ininterrompu

Et s’endort tout fourbu

Sur mon épaule tout courbue.

Bébé s’endort

Bébé s’endort

Dans mes bras

Comme un trésor.

Tout est extra.

 

Bébé s’endort

Au gré de ma respiration

Paisible, en adoration

Confiant sur tous les bords.

 

Bébé s’endort

Comme un rêveur voguant

Vers milles rivages, volant

Sur un grand condor.

 

Bébé s’endort

Soulagement silencieux

Le sommeil est précieux

Pour un éveil sans stridor.

 

Et le bébé se réveille

Tout souriant, tout gai

Avide de naviguer

Vers moult merveilles.

L’arrivée d’un bébé

Une petite fille est arrivée.

Un quotidien est tout chamboulé.

Un sacré rayon de soleil

Renouvelé chaque jour à merveille.

On s’apprivoise, on s’avise

On décode les grimaces,  les pleurs.

On savoure les sourires qui visent

Nos tous tremblants cœurs.

Emerveillement matinal

Soin du regard et du toucher.

Vigilance délicate au coucher.

Jeux et histoires phénoménales.

Une petite fille est arrivée.

Une nouvelle vie est à construire.

Chaque seconde à braver

L’inconnu, et s’instruire

Pour accompagner un être en devenir.

Le conte du cri de bébé

Il était deux foies qui se concertaient pour intégrer le corps d’un petit bonhomme à naître. Le cœur, avec un ton sans émotion voulait presser la situation. C’est le cas de la vessie qui voulait faire sa petite place en attendant qu’un foie prenne sa place. Gonflés à peine, les poumons chuchotaient que l’heure n’était plus aux palabres. Une crise de foi était en cours. Le cerveau se mit à vibrer de colère et envoya des décharges. Les membres du petit bonhomme firent pleuvoir des coups contre la paroi maternelle. La rate riait jaune mais l’intestin le remit en place. Histoire de mieux digérer la situation. L’estomac en avait gros sur la patate. Il a dû abuser d’acides et il fut complètement shooté. L’œsophage essaya de contrôler la situation. La thyroïde envoyait pleins d’hormones pour décider et clore le problème. Le compte à rebours fut lancé et n’allait pas tarder à se mettre au rouge. Le cervelet émit des signaux d’alarme et les artères fonctionnaient à merveille, heureusement. L’information passait sans bouchon. Manquerait plus que ça. Que les canaux sanguins deviennent le périphérique de Paris aux heures de pointe.

Enfin, l’un des deux foies déclina et laissa sa place. Ce sont les reins qui ont pu calculer le coup de la diplomatie et de la séduction.

Et c’est ainsi que le petit bonhomme put sentir en lui une tempête se calmer malgré des douleurs insoutenables. Il poussa un grand cri de soulagement quand il émergea de son cocon de la neuvaine infernale.

Voilà pourquoi le bébé crie, à cause des histoires de pouvoirs entre les organes qui veulent avoir la meilleure place.