C’est ainsi

C’est ainsi qu’il voudrait jouer.

Jouer avec ses mains sans danger

Prendre des risques en rêvant

Et créer en grandissant, s’élevant

Pour atteindre une joie jubilatoire.

Je vis. Ce n’est pas rédhibitoire.

C’est ainsi qu’il voudrait courir.

Courir avec ses jambes tordues

Sans risquer de tomber et souffrir,

Sous des regards détendus. 

Dylan est son nom à vie

Déjà connoté loin des envies.

Il voudrait bien s’appeler autrement

Pour fuir des préjugés, des gens

Qui ne veulent pas accepter la différence.

C’est ainsi qu’il voudrait chanter.

Chanter avec ses logorrhées

Et ses bruits de bouche courbée.

C’est ainsi qu’on voudrait le regarder.

Le regarder à travers ses yeux.

Et son sourire malicieux

Je respire. C’est une nécessité.

C’est ainsi qu’il voudrait faire de la musique.

Composer dans sa tête et diriger

Si on lui donne des outils basiques

Pour ne plus être déranger.

Ne baissez pas les bras.

Continuez, persévérer.

Je vaux la peine d’être aimé.

Merci. Tout le temps je vous le dirai.

Texte écrit en 2014. Copyright VL 🙂

1er forum Handicap et enfance à Mornant (69)

Quel est mon projet avec eux ?
Je les soutiens dans le comité de pilotage puis j’interviens en tant que acteur et auteur. Je tiendrai un stand pour mon livre et je jouerai en exclusivité ma future pièce de théâtre sur la surdité le matin à 11h15 !
Un sacré projet en vue avec une équipe de feu!

71498056_2165501853555761_2310505127494025216_n

Je vous invite à découvrir au près cet événement sur cette page : https://www.facebook.com/events/462190444382177/

Lettre d’un enfant sourd à ses parents en vidéo et en texte

Texte écrit en septembre 2016, et sera présent dans mon futur livre 🙂

 

Je suis sourd. Vous avez appris que je suis sourd.

Je voudrais tant découvrir le monde et l’entendre.

L’entendre avec mes mains, mes yeux, ma bouche.

Ne m’enfermez pas dans vos choix. Je serai toujours sourd.

Même si vous m’implantez, je ne serai jamais entendant.

Même si vous m’appareillez, je resterai toujours sourd.

Vos choix seront vos choix et elles peuvent évoluer.

Que rien ne m’empêche à apprendre la langue des signes,

Si je veux pouvoir communiquer, avoir une identité.

La langue des signes n’est pas égale à l’illettrisme.

C’est une langue à part, avec ses richesses.

Je pourrai très bien ne pas l’apprendre

Mais je souhaiterai que vous me laissiez le choix.

Le choix de connaitre la culture sourde avec sa diversité.

C’est tout autant de diversité et de richesses que chez les entendants.

Je suis avant tout votre enfant, avec une surdité qui fait partie de ma personne.

 

Laissez-moi grandir.

Laissez-moi le temps de découvrir.

Laissez-moi le temps de comprendre.

Laissez-moi le temps d’apprendre.

 

Ne me laissez pas seul sans repères.

Ne me laissez pas seuls sans pairs.

 

Ne projetez pas vos désirs d’adulte sur moi.

Ne me faites pas mettre des vêtements de désirs.

Ne me faites pas de moi une star même si je le désire.

Osez me dire non et n’ayez pas peur que je sois en émoi.

 

Il me faut grandir dans la frustration.

Il me faut grandir dans l’insouciance.

 

J’ai besoin de la vie, cette science

De l’humanité pleine de distractions.

 

J’ai besoin de me sentir en sécurité

J’ai besoin d’amour et de vérité.

J’ai besoin de votre pardon

 

J’ai besoin que vous reconnaissiez vos erreurs.

Ne me laissez pas dans mes terreurs,

Mes angoisses même si je ne dis rien.

 

J’ai besoin de me tromper, d’expérimenter

Mais ne me laissez pas sombrer dans la colère

Ni même dans les frayeurs, les inquiétudes.

 

J’ai besoin de tendresse, de plénitude

Dans vos actes et vos mots chaque jour

Je vous aimerai sans cesse, toujours.

 

N’oubliez pas que je reste un enfant.

Je ne suis pas un adulte en miniature.

Ne me laissez pas en pâture

Devant la télévision sur le divan.

 

Je crois en vous. Vous êtes mes modèles.

Tout ce que vous ferez, je le ferai.

Tout ce que vous direz, je le dirai.

Aidez-moi à voler de mes propres ailes.

 

@Copyright Vivien Laplane – 2016

Bébé explore

Bébé rampe

Décapant le sol

Bébé parcourt son univers

Faisant fuir la poussière.

Les prises électriques

Jubilent, sadiques.

Les doigts restent loin

Au bon soin

Parentale.

Bébé s’étale,

Un petit cri surgit

Mais son cœur rugit

Pour explorer le monde.

Bébé esquive les jeux

Pour embrasser avec enjeu

Les interdits et les mystères.

Un petit regard malicieux

Vers une figure familière.

Pour bébé, tout est audacieux.

Laissez-moi grandir

Laissez-moi grandir.

Laissez-moi le temps de découvrir.

Laissez-moi le temps de comprendre.

Laissez-moi le temps d’apprendre.

 

Ne me laissez pas seul sans repères.

Ne me laissez pas seuls sans pairs.

 

Ne projetez pas vos désirs d’adulte sur moi.

Ne me faites pas mettre des vêtements de désirs.

Ne me faites pas de moi une star même si je le désire.

Osez me dire non et n’ayez pas peur que je sois en émoi.

 

Il me faut grandir dans la frustration.

Il me faut grandir dans l’insouciance.

Laissez-moi dans l’innocence

Dans la spontanéité de mes paroles et de mes gestes.

 

J’ai besoin de la vie, cette science

De l’humanité pleine de distractions.

 

J’ai besoin de me sentir en sécurité

J’ai besoin d’amour et de vérité.

J’ai besoin de votre pardon

 

J’ai besoin que vous reconnaissiez vos erreurs.

Ne me laissez pas dans mes terreurs,

Mes angoisses même si je ne dis rien.

 

J’ai besoin de me tromper, d’expérimenter

Mais ne me laissez pas sombrer dans la colère

Ni même dans les frayeurs, les inquiétudes.

 

J’ai besoin de tendresse, de plénitude

Dans vos actes et vos mots chaque jour

Je vous aimerai sans cesse, toujours.

 

N’oubliez pas que je reste un enfant.

Je ne suis pas un adulte en miniature.

Ne me laissez pas en pâture

Devant la télévision sur le divan.

Je souhaite construire ma propre identité

Et ne souhaite pas être guidé par les médias.

Aidez-moi à développer mes talents.

Aidez-moi à réfléchir, à discerner par moi-même.

 

Je crois en vous. Vous êtes mes modèles.

Tout ce que vous ferez, je le ferai.

Tout ce que vous dirai, je le dirai.

Aidez-moi à voler de mes propres ailes.

Journal à mon père inconnu – 3

Vendredi 18 juin

Je n’ai plus mal Papa. Je vais mieux. Je peux t’écrire. Maman n’a pas réussi à me tuer. Je suis sûr que c’est toi, quelque part qui m’a protégé. Tu dois penser à moi pour que je réussisse à vivre. Je respire doucement, allongé à moitié sur mon lit d’hôpital. Je suis heureux de pouvoir t’écrire. Soulagé d’être loin de la maison. Ici, je suis en sécurité. Les infirmières sont très gentilles dont une très mignonne qui change mes pansements. Mes jambes sont dans le plâtre. Je ne pourrai pas marcher avant longtemps. Mais je remarcherai, ça c’est sur et j’irai à ta recherche. J’irai vivre avec toi. Pour l’instant, il me faut être soigné. C’est étrange, je ne suis plus en colère. Peut-être que je suis loin de ma « famille ». Un de mes potes, Phil, est venu me voir avant que je t’écrive. Il m’a apporté pleins de BD et une grande carte avec pleins de signatures. Je me sens moins seul. Merci Papa…. Je reprends vite mon stylo pour te dire que deux clowns viennent me rendre visite. J’ai accepté leurs venues. Je te raconterai ça.

 

( A suivre….)

Journal à mon père inconnu – 2

Mardi 17 juillet

Me voici, Papa. Je te remets ma colère envers maman. Enfin, celle qui est censé être ma mère. Pourquoi me hais-t-elle ? Nous sommes bien allés chez le médecin  hier pour Loufi. J’étais resté dans la salle d’attente. Quand ils sont sortis du cabinet, le médecin m’a aperçu et a demandé de me voir. Ma mère a refusé sous prétexte que je vais très bien. Je me suis levé pour essayer au cas où. Elle m’a regardé sévèrement, avec des yeux noirs. Je n’ai pas eu peur. Je suis passé devant elle et m’a murmuré que j’allais passer un mauvais quart d’heure. Le médecin n’a pas entendu mais il me semblait qu’il avait deviné. Il a assuré à ma mère qu’il n’en avait pas pour longtemps. C’est vrai que c’était court mais ô combien intense et libérateur. Il m’a ausculté et posé quelques questions. Puis discrètement, il m’a dit : «  Je vais voir ce que je peux faire pour toi. » Je me suis senti écouté, entendu. Cela m’avait fait un bien fou. Tellement cela m’avait fait du bien que cela m’a donné de la force pour la suite. Je savais bien ce qui allait m’arriver. Mais pas complètement. J’ai connu pire. Nous sommes rentrés à la maison après avoir déposé Loufi à l’école. En arrivant au bas de l’immeuble, elle m’a emmené à la cave et frappé. Elle m’a enfermé et m’a menacé qu’elle me tuerait si je la dénonçais. Alors je suis resté toute la journée d’hier dans le noir, avec à peine de l’air qui arrivait par une petite fenêtre. J’avais attendu jusqu’au soir à rester à peine allongé tellement il y avait le bazar. Maman m’a ramené à l’appart. J’ai été assommé par la lumière et la fatigue. J’ai pu boire et me suis écroulé sur mon matelas.

Voilà, Papa, Maman est sorti et m’a enfermé à clé. Je suis trop faible pour m’enfuir et même pour crier. Mais j’ai de la force pour t’écrire et te dire ma haine envers ma mère.

Merde, maman revient déjà….

 

( A suivre…)

Journal à mon père inconnu – 1

Dimanche 15 juin.

Enfin, je t’écris Papa. Je m’appelle Rami si tu te souviens. Mon nom de famille ? Je ne sais pas. Maman s’est mariée quatre fois. Tu as disparu de la nature avant que je naisse, il y a 14 ans. Je n’ai jamais entendu parler de toi. Si je pose la moindre question à ma mère, elle me fout une torgnole. Alors, je ne dis rien. Je suis content de prendre le temps de t’écrire sur un petit cahier que j’ai reçu d’un de mes profs. Il fait sombre dans le salon. Tout le monde dort sur les matelas en mousse. Je suis sur le rebord de la fenêtre et je suis éclairée grâce au projecteur qui éclaire toute la rue. Nous habitons dans un immense immeuble. J’ai une superbe vue sur des usines qui crachent du feu, jour et nuit. Aujourd’hui, je me suis allé balader avec mon petit frère Loufi dans un terrain vague. Nous avons joué avec des morceaux de ferrailles, des pneus où l’on s’amuse à sauter dessus. C’était géant. Loufi a cassé des vitres d’une maison abandonnée à l’aide de briques. On s’est fait engueulé et nous avons beaucoup ri.

Mais ce soir, je t’écris car j’ai mal au ventre et en haut de mes jambes. Cela dure depuis des jours mais je ne dis rien à ma mère. Elle te traite souvent d’hypocondriaque. Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire mais j’imagine. Pour elle, c’est de la comédie pour ne pas aller à l’école. De toute façon, l’école, je n’arrive pas à suivre. Je suis trop fatigué. Je suis souvent fatigué et mes nuits sont agités. C’est-à-dire que je fais régulièrement des cauchemars. Parfois, j’ai une boule qui me reste dans la gorge. Je parle très peu et pourtant, je ne me débrouille pas trop mal à l’écrit. La preuve, je prends du plaisir.

Papa, j’essaie de t’imaginer. Tu dois être noir. Puisque Maman est blanche et moi, je suis brun. Loufi est blond, son papa était suédois, le troisième de maman.

J’imagine que t’as dû être un héros. Comme Maman serait tellement jalouse de toi qu’elle voudrait complètement t’oublier. Enfin, je voudrais rêver que tu sois un homme énorme, puissant. T’imaginer me permet de rester debout. Ma mère ne s’occupe pas vraiment de moi. Je suis juste bon à l’accompagner au marché et porter les lourds sacs, à faire le ménage et à m’occuper de Loufi.

Je vais te laisser Papa. Je m’endors. Demain matin, Maman doit nous emmener chez le médecin pour mon petit frère. J’en aurai bien besoin aussi.

 

( A suivre…)