Le bruit du silence : Les Acouphènes !

[Samedi poésie]

Que fait le silence comme bruit ?
Un murmure invisible sans fruit ?
Un chuchotement lointain ?
Un bruissement sans teint ?

Mon silence n’est point infini.
Malgré ma surdité, j’entends.
Selon mon humeur, cela dépend.
Des sifflements, des cliquetis.

Parfois un concert d’Hard Rock.
Ou bien un chant baroque.
Régulièrement, un bruit blanc
ou un son aigu tremblant.

Pour vérifier si cela ne vient pas d’extérieur,
J’éteins mon appareil, tout simplement.
Il me faut prendre patience, sans heurts.
Parfois, il me faut bouger sciemment.

Ecouter de la musique pour les oublier.
Penser à autre chose mais c’est galère.
La sophrologie comme bouclier ?
Tout est au cas par cas, par crémaillère.

Cela peut durer trente secondes
Ou bien des journées entières.
Chez moi, c’est la fatigue sévère
Qui me les déclenche, m’inonde.

Quand mes acouphènes sont là,
J’entends moins, un comble.
Ma compréhension retombe.
Mes pensées sont de la mozzarella.

Alors j’ai besoin de m’isoler
Ou bien de rire, de jouer
Sans besoin d’écouter
Pour ne plus y penser.

Je ne vous souhaite pas d’avoir des acouphènes.
De tout coeur avec ceux et celles qui en ont.

J’ai joué un spectacle dans le silence

Un sourd rire du lundi ?

Même sans entendre le public, je l’ai vu rire lors de mon spectacle au Théâtre de la Renaissance à Oullins.

🤨 J’avais demandé à la régie de mettre un peu de lumière dans la salle.

😊 Et j’ai savouré les changements d’expression du visage.

😎 Puis sur scène, il y avait une interprète qui traduisait en langue des signes.
Elle était mon phare dans le monde du silence.

J’ai même joué avec elle et interagi avec humour quand j’ai eu un sacré bug dans mon texte 😅.
Le public n’a rien vu ou entendu, c’est selon.

😍 A la fin, j’ai pu entendre les applaudissements, quelques cris.
Quelques bras s’étaient levés aussi.

Puis il y a eu les échanges.
Comment j’ai fait ?

J’ai utilisé trois moyens :

✅ L’écrit, un jeune s’est porté volontaire pour noter les questions
✅ La lecture labiale
✅ La langue des signes

C’est mon interprète en LSF qui a fait le lien entre le public et moi, à travers les signes et la lecture labiale.

Ce fut un moment magique car pas mal de rires, et de questions intéressantes :

▶️ Avez-vous eu un parcours scolaire adapté ?

▶️ Est-ce que vous lisez sur les lèvres ?

▶️ Avez-vous eu peur que votre fille soit sourde ?

▶️ Quels conseils donneriez-vous aux parents qui viennent d’apprendre la surdité de leur enfant ?

😒 J’avoue quand même que j’étais très frustré de ne pas pouvoir entendre.

Pour rappel, j’ai une otite externe m’éméchant de mettre mon appareil auditif.

Bref, j’ai eu de très bons retours et j’ai retrouvé pleins de monde lors de la dédicace de mon livre « Sourd et certain ».

Ah oui, il y eu au moins 80 personnes avec beaucoup de familles !

Prochaines dates pour tout public ?
– 7 octobre à l’Isle d’Abeau
– 9 novembre à La Roche sur Yon
– 17 novembre à Chaponost
– 18 novembre à Annecy

Merci pour vos soutiens.

Pour venir jouer dans votre ville, je suis tout ouïe par mail !
Impossible de téléphoner pour l’instant 😂

💪 Dites, chiche pour jouer dans une grande salle remplie avant Noël ?

Douce silence

Loin de la foule, loin de la ville,
Dans le silence, Je m’y faufile.
Reprendre sens et se recentrer.
Respirer et se laisser déconcentrer
Par les bruits de la nature, subtils.
Se laisser porter et laisser le futile.
hâte de reprendre la marche et errer,
Vagabonder et s’émerveiller, rêver.
Se laisser transporter par la joie,
Douce silence, point grégeois.
Divine sérénité pour revenir
Disponible auprès des siens et rire.

DSC_0987

Un appareil auditif en grève… ou presque

Bonjour à tous, voici une histoire qui m’est arrivée ce matin avec mon appareil auditif.

7h15. Je m’étais levé tranquille. Je pris mon appareil auditif, enfonçait mon empreinte dans l’oreille et allumait l’appareil. Normalement, je devais entendre une petite musique annonçant l’ouverture du bal sonore. Mais là, rien du tout. Le néant total. J’entendais juste des sons très étouffés, très graves, qui résonnaient très loin. Pas du tout normal quoi! Je respirais doucement. Je ne m’entendais pas. Ah, mais j’étais toujours vivant c’est sûr. J’eus des doutes. Est-ce mon oreille qui avait baissé fortement ou bien juste mon appareil auditif qui faisait la grève ?  Je tentais de faire du bruit pour essayer d’entendre au détriment de ceux qui dorment non loin de moi. Rien. Et les autres ne s’étaient pas réveillés.
J’enlevais la pile de mon appareil auditif. Je soufflais dedans. Je réenclenchais tout. Rien. J’entendais à peine. Tout était très lointain. J’envisageais ma journée complètement autrement. Dans le silence, sans tentative de sortie en société pour éviter les incompréhensions.

8h00. Au petit déjeuner, j’échangeais quelques mots avec ma femme, qui me fit des signes en retour. Bizarrement, trente minutes s’étaient écoulés et j’entendais un mot sur quatre. Mais je ne comprenais rien. Juste des barbarismes. Des mots étranges venus d’une galaxie lointaine.
J’entendais mieux les sons aiguës mais le reste, des clous ! J’en devenais presque marteau. Par précaution, je changeais de pile, on ne sait jamais … mais au final,  rien !
Les voix étaient toujours aussi étouffés. Comme si la brume venait embaumer les sons de sa robe dominicale.

9h30. Mon appareil auditif daignait me laisser quelques fréquences que je pouvais discerner. Mais rien qui pouvait m’aider à échanger, ou comprendre des consignes verbales. Les gestes, c’est bon, je comprenais, je n’étais pas aveugle. Juste sourd !

10h15. Ma petite famille était partie au marché. Je me posais tranquillement avec mon smartphone. Je percevais maintenant des petits sons que je n’entendais pas depuis tôt ce matin. Oh mais dis donc, la grève toucherait-elle à sa fin ?

10h37mn et 53 secondes. J’entendais comme d’habitude.Mon appareil auditif s’était réveillée complètement. Il avait estimé que la grève avait assez durée. Par contre, je n’avais pas compris ses revendications. Un vrai mystère technocratique… euh technologique.

Avez-vous une explication cartésienne ?

Vivre le silence quand on est sourd

Déjà, c’est très subjectif car tout dépend du vécu de la personne, comment elle est sourde etc…. Pour ma part, j’ai deux types de silences qui sont complètement opposés. Effectivement, même sourd, le silence peut être oppressant pour moi.

Mais dans des situations bien particulières quand mon appareil tombe en panne. C’est quand je subis le silence. Un silence où j’ai envie d’entendre, d’entrer en lien, c’est particulièrement angoissant. Le son est pour moi précieux. Il indique la vie qui bouge et vibre autour de moi.

Alors quand je choisis le silence, comme couper mon appareil après une journée bruyante, ou dans un bus etc…, cela me fait un bien fou. Cela me repose. J’en profite pour me ressourcer, respirer, observer, admirer et déployer d’autres sens que l’ouïe. Je le fais quand je me sens en sécurité, quand j’estime que je ne vais pas me mettre en danger.

Un silence apaisant pour me reposer.

Une musique sans sons pour faire danser au repos mes neurones.

Un vrai silence où je peux entendre à peine un bruit avec mon appareil.

Un silence où les couleurs du monde prennent forme.

Un silence où les silhouettes se détachent de mon horizon.

Une harmonie du vide sonore pour mieux percevoir d’autres sens.

Pour mieux sentir les odeurs des fleurs ou le parfum d’une femme.

Pour mieux sentir une peau douce, un bois travaillé, une peluche d’un enfant.

Pour mieux saisir les saveurs subtiles d’un curry d’agneau, d’un dessert au chocolat.

Pour mieux voir les détails d’un tableau ou les insectes dans l’herbe.

 

C’est vrai que l’on peut avoir peur du silence, pour ne pas se retrouver.

Peur de se laisser déborder par des émotions ou des idées noires.

Crainte de s’ouvrir à l’inconnu et de se laisser surprendre par des bruits inattendus.

 

Y a-t-il des vrais silences ?

Dans le désert ? Dans la campagne profonde sans âme qui vive ?

Puis y a du bruit dans la tête avec toutes nos idées qui se bousculent, nos mots qui s’entrechoquent.

 

Dans le silence extérieur, on peut entendre notre corps.

Comme le corps qui bat rapidement pensant que l’on marche dans le grenier.

Comme le ventre qui gargouille croyant que c’est le parquet qui grince.

Pour ma part, je peux l’entendre avec mon appareil. Sans, rien du tout.

 

Le silence s’apprivoise.

C’est notre état intérieur qui fait que le silence est pesant ou pas.

Le silence a son propre langage.

 

 

Bébé s’endort

Bébé s’endort

Dans mes bras

Comme un trésor.

Tout est extra.

 

Bébé s’endort

Au gré de ma respiration

Paisible, en adoration

Confiant sur tous les bords.

 

Bébé s’endort

Comme un rêveur voguant

Vers milles rivages, volant

Sur un grand condor.

 

Bébé s’endort

Soulagement silencieux

Le sommeil est précieux

Pour un éveil sans stridor.

 

Et le bébé se réveille

Tout souriant, tout gai

Avide de naviguer

Vers moult merveilles.

Accueillir le silence

Accueillir le silence,

Un temps calme pour reposer ses neurones.

Juste écouter sa respiration,

Et goûter la saveur fraiche de l’air.

Se permettre de cueillir les émotions

Comme elles viennent,

Dans une solitude sereine.

Juste un temps pour laisser le corps se détendre

Le temps d’un instant hors des tracas.

Pour laisser émerger la vie

Et pourquoi ne pas sourire ?

Ou bien pleurer avec ce qui advient.

Sans regrets, sans remords avec ce que l’on est.

Fermer les yeux

Inspirer au plus profond de soi

Pour être le plus vrai possible.

Être soi.

Puis mettre ses sens en éveil

Puis se rendre disponible

Avec confiance

En regardant autour de soi.

Se protéger

Puis se donner la permission

D’être bien,

Même pour un court instant.

C’est peut-être un avant-goût de l’éternité.

N’oublions jamais que le bonheur est un chemin

Et non un but à atteindre.

Facile à dire que de faire

Mais le vivre rien qu’une seconde, cela fait un bien fou.

Et pourquoi pas retenter l’expérience ?

Vivre avec le silence

Un silence apaisant pour me reposer.

Une musique sans son pour faire danser au repos mes neurones.

Un vrai silence où je peux entendre à peine un bruit avec mon appareil.

Un silence où les couleurs du monde prennent forme.

Un silence où les silhouettes se détachent de mon horizon.

Une harmonie du vide sonore pour mieux percevoir d’autres sens.

Pour mieux sentir les odeurs des fleurs ou le parfum d’une femme.

Pour mieux sentir une peau douce, un bois travaillé, une peluche d’un enfant.

Pour mieux saisir les saveurs subtiles d’un curry d’agneau, d’un dessert au chocolat.

Pour mieux voir les détails d’un tableau ou les insectes dans l’herbe.

 

C’est vrai que l’on peut avoir peur du silence, pour ne pas se retrouver.

Peur de se laisser déborder par des émotions ou des idées noires.

Crainte de s’ouvrir à l’inconnu et de se laisser surprendre par des bruits inattendus.

Crainte de perdre des informations et de se sentir en décalage.

 

Y a-t-il des vrais silences ?

Dans le désert ? Dans la campagne profonde sans âme qui vive ?

Puis y a du bruit dans la tête avec toutes nos idées qui se bousculent, nos mots qui s’entrechoquent.

 

Dans le silence extérieur, on peut entendre notre corps.

Comme le corps qui bat rapidement pensant que l’on marche dans le grenier.

Comme le ventre qui gargouille croyant que c’est le parquet qui grince.

Pour ma part, je peux l’entendre avec mon appareil auditif. Sans ce dernier, rien du tout.

 

Le silence s’apprivoise.

C’est notre état intérieur qui fait que le silence est pesant ou pas.

Le silence a son propre langage.

Il est parfois plus important que la parole comme utiliser le regard, les gestes, la posture.

 

Je préfère des sons harmonieux, distincts, sans grésillements, sans accrocs.

Le bruit m’est insupportable avec mon appareil auditif.

J’apprécie le silence quand c’est moi qui le choisis, qui le décide comme quand j’éteins mon appareil dans un métro où des gens parlent fort, ou bien en sortant d’une salle où il a une fête bruyante.

 

Et vous ? Quelle est votre rapport avec le silence ? Avec le bruit ?

Pas de bonheur chez les sourds ?

On dit souvent que la musique, le son, la voix peut apporter beaucoup au bien être des personnes. Mais alors, ceux qui sont sourds complètement et qui entendent très mal et ne peuvent pas apprécier les sons qui les agressent, les étourdissent ?

Peut-on trouver un sens à sa vie dans le silence complet ?

J’en suis convaincu. Oui. Je comprends très bien ceux qui rejettent ceux qui apprécient la musique, ceux qui entendent et savourent les sons. Mais on ne peut pas, sans cesse se battre contre ce qui nous manque.

Pour ma part, je n’ai pas d’odorat en plus de ma surdité. Donc deux sens en moins dont une, heureusement arrangé par un appareillage à l’oreille. L’odorat ne me manque pas puisque je ne sais pas ce que je sais. C’est ainsi.

Là où je compense énormément et que je trouve un sens à la vie, et c’est bien sur personnel, c’est la vue. Je puise mes ressources dans l’observation de la nature, des gens, des relations humaines à travers la photographie et l’écriture. Surtout la photographie. C’est un pur régal pour moi de faire des photos et de les partager.

Un sens à la vie dans le silence ? On peut le trouver en contact avec des gens qui nous entourent, nous aiment tel qu’on est malgré le souci de la communication sauf si on arrive à se parler en LSF (Langue des Signes Françaises) ou en LPC (Langage Parlé complété).

Même dans le silence, nous avons chacun des ressources inexplorées ou peu exploitées, j’en suis certain. Par exemple, le toucher, certains peuvent avoir un don pour le modelage (j’en ai fait en CM2 et parait-il, j’avais un talent fou), pour la sculpture ou autre. On peut y prendre du plaisir et y trouver ses petits bonheurs à créer. Je crois fermement qu’en s’accomplissant, qu’en mettant en œuvre ce qu’on aime faire, on peut trouver une grande joie.

Même si reconnais ma grande chance, je souhaite vraiment que ceux qui sont dans une profonde surdité et qui la vivent très mal puissent trouver des bouts de bonheurs. Et ces petits bouts de bonheurs sont uniques pour chacun.

Dans le silence

Dans le silence de mes jours,

J’aime prendre le temps d’observer les visages

Et à travers leurs regards, faire un voyage

Dans leurs souvenirs, dans leurs histoires.

Dans le silence de mes jours,

J’aime entendre le bruit disparaître

Dans les couleurs des arbres et du ciel d’azur.

Juste prendre le temps de s’émerveiller

Et souffler loin du tumulte quotidien.

Juste porter l’attention sur mon souffle.

Se recentrer et que mes pensées s’agitent moins.

Dans le silence de mes maux intérieurs,

J’essaie d’observer loin vers l’horizon,

Pour être saisie en un instant d’éternité.

Pour dégager les bruits de l’âme

Et se rendre disponible pour l’autre.

J’ai bien conscience des drames

Et la culpabilité ne sert à rien.

Toujours aller de l’avant, faire le premier pas

Et de temps en temps, souffler, se poser pour repartir.

Faire le silence de mon passé tourmenté,

C’est-à-dire l’apaiser car on n’oublie jamais.

Pas-à-pas, faire des choix dans le silence des émotions.

Prendre des décisions loin des colères ou des exaltations.

Dans le silence de mes nuits,

Je savoure les rêves qui me bercent

Malgré des cauchemars ou des nuits blanches.

Mais tout cela dans un silence choisi et agréable.

Dans le silence pesant ou angoissant,

C’est une toute autre histoire

Et je ne la souhaite à personne.

 

Copyright Vivien Laplane . Mai 2015