Chroniques d’un éducateur #20 Relève et transmission des informations

Je reconnais qu’en tant intérimaire, j’apprécie quand il y a des relèves et que les informations circulent. Surtout quand c’est écrit. Je suis sûr au moins qu’il n’y ait pas de malentendus. Quand ce n’est pas écrit, je fais au moins répéter une fois l’information pour être sûr d’avoir tout compris, et de ne pas commettre de bourde.
Cette semaine, j’ai découvert un nouveau lieu dans le cadre de mes intérims. Et là, pas de relève. La personne avait qui j’allais travailler me racontait le problème de transmission entre les équipes.
Ma mémoire est devenue sans doute courte et qu’il n’y a pas forcément de relève dans chaque établissement. Je parle surtout pour les foyers de vie, les FAM, les MAS et tout autre lieu où les équipes se croisent avec des horaires décalés. Mes chers et chères collègues, j’attends vos témoignages !

J’apprécie aussi quand mes collègues transmettent des informations sur une première prise en charge. Ce n’est hélas pas souvent le cas et je déteste ça. Pourquoi ? Parce que je préfère que la personne que j’accompagne se sente en sécurité et qu’il n’ait pas face à lui un gars qui hésite, qui pourrait lui faire mal (sans faire exprès bien entendu).

En théorie, quand les informations circulent bien et que chacun sait ce qu’il a faire, tout se passe bien. Mais ça, c’est de la théorie. On sait bien qu’en pratique, il peut y avoir un gouffre selon les relations entre collègues et les affinités dans l’équipe (Voir Travail d’équipe) . Hélas, hier, cela n’a pas loupé, je me suis bien fait marché dessus au niveau respect de la parole. Le collègue en est question faisait des choses à ma place alors que nous nous étions bien répartis les rôles. Que nenni ! Il a presque tout fait sans m’en informer.
Je me souviens d’un cours de psychologie sur la dynamique relationnelle. La rétention d’informations est une forme de pouvoir et d’avoir la mainmise sur son environnement. Et oui le partage d’informations est tout un art et cela s’apprend. Avec quels supports sommes-nous le plus à l’aise pour transmettre des informations ? Cahier de liaison en papier ou numérique, agenda, classeur où tout est bien trié, clair.

La problématique aussi dans la transmission à l’oral ou à l’écrit, c’est la question d’être à l’aise pour en parler, avec quels mots, avec quelle posture ? Savoir aussi le transmettre dans un lieu et moment adéquat, quand l’autre est disponible pour l’intégrer.
Bref, cela implique aussi apprendre à écouter, à s’écouter, à oser demander si on ne comprends pas.

Bon courage donc aux jeunes professionnels et même aux moins jeunes qui intègrent une nouvelle fonction, ou une nouvelle structure.
Bonnes vacances pour ceux qui en ont.

Transmission avec prise de tête ?






De la peur au rire !

Et si on arrêtait d’avoir peur ?
Apprenons à connaitre, et aller à la rencontre pour mieux comprendre. Puis d’en rire malgré la gravité du sujet tel que le handicap, le cancer, les maladies rares, les épidémies, le VIH, ainsi que d’autres thèmes sur la diversité avec l’homosexualité, la religion, les étrangers de tout horizons etc…

Et si on brisait le cercle de la peur ?
Comme « Évitons de parler de ce sujet, ça va faire peur au public » à propos du cancer. Justement, au contraire, informons au plus large. Plus la peur perdra du terrain, plus le regard sur ceux qui nous entourent sera positif et constructif. On peut être prudent au lieu d’être méfiant.
Et quoi de mieux d’en savoir plus par le théâtre, par l’humour.
Pour le cancer, je vous invite à découvrir la Chauve-SouriT de Caroline Le Flour. Un One woman show sur son expérience du cancer qui décape : « Mon cancer va vous faire mourir… de rire ! ». Pour ma part, j’ai hâte de la voir ! Même si je ne suis pas concerné directement. Enfin, presque, puisque j’ai des membres de ma famille ou des amis qui l’ont eu. 
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Puis sur le handicap, c’est tellement large. On devrait dire des handicaps. Cela recoupe les 85% de handicaps invisibles et 15% concernant le handicap moteur dont 3% pour ceux qui utilisent le fauteuil roulant.
Ne pas hésiter à informer que chaque personne ayant un handicap est tout d’abord une personne avec son histoire, ses émotions, sa personnalité, ses talents.
Ne pas hésiter à témoigner que le cancer n’est pas contagieux comme pour le handicap. On pourrait dire aussi nos différences physiques, nos différences sensorielles, nos différents de couleurs, nos différences émotionnelles, nos différences culturelles.
Bref, savourons et ancrons en nous cette phrase de Saint-Exupéry : « Nos différences loin de nous léser doivent nous enrichir »

Je vous invite à découvrir trois autres humouristes qui décoiffent :
. MAK, coomme tout le monde à un poil près !   (Tu viens quand sur Lyon ? )
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. One Woman Sit Up show de Stéphanie De Wint Binon
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Là, j’ai de la chance, elle vient dans la région lyonnaise, à Chaponost le 12 février à 20h30 à l’auditorium dans le cadre du festival Histoires d’en rire. Venez donc nombreux, j’y serai aussi et cela ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd. (facile, je sais, je ne le dis plus à ceux qui me connaissent).

Et puis y en a qui cumulent un peu comme Gérard Lefort, Un vieux noir en fauteuil roulant, tout pour plaire!

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Alors, oui s’informer pour mieux appréhender différents sujets qui peuvent nous faire peur MAIS bien identifier les sources d’informations. Apprendre à prendre du recul et s’entourer de bonnes personnes qui peuvent nous aider à mieux comprendre ce qui nous coince. Du bons sens, mais cela s’apprends aussi !

Au cas où vous ne sauriez pas, sur la surdité, vous avez ma conférence-théâtralisée « Au secours, j’ai un collègue sourd », un seul sur scène sur l’accueil d’une personne sourde abordée avec humour et avec le regard de plusieurs personnages. (Oh le gars, qui fait sa propre promo!).

Alors vous êtes prêts à dépasser vos peurs et le courage d’en parler?
Vivement que j’entendes des rires au lieu des silences de gène !

Pour se révolter et agir concrêtement

Nous devons dénoncer les injustices

Mais ensemble pour mieux convaincre la justice

De faire valoir les droits de la dignité de chaque homme.

Mais faisons aussi des propositions claires et précis

Au lieu de râler et de point du doigt en boucle.

N’ayons pas peur d’agir en pleine conscience

Pour aller contre une loi qui va à l’encontre de notre liberté.

Favorisons la prévention, l’éducation au lieu de la répression.

Ne nous leurrons pas, malheureusement, l’Esprit du 11 janvier a été récupéré

Même si une grande partie qui sont allés manifestés ont été sincères.

Nous serons surveillés si nous avons quelque chose à nous reprocher.

Je continuerai à vivre au quotidien, sans peur ni méfiance

Mais avec vigilance, prudence et une juste coopération si besoin.

Ne tombons pas dans l’extrême bien sur. La radicalisation ne mène à rien et nous renferme.

Diffusons des informations justes, fiables et qui n’amènent pas de la haine,

Ni des colères non constructives genre des photos d’une députée qui dort à l’assemblée nationale.

Connaissez-vous vraiment le contexte de la photo ? Que faisais t-elle avant ?

Dénonçons sur des faits précis où l’on peut argumenter et avancer des solutions justes et réalisables.

Je trouve ça aberrant de voir des informations erronés circuler qui ne font pas avancer les choses.

Mais réfléchissons vraiment et ayons vraiment un sens critique pour agir dans le bon sens.

Courage à ceux qui se battent pour plus de dignité, pour ceux qui peinent à vivre,

Pour ceux qui galèrent, pour ceux qui ont traversé des dangers pour trouver une vie meilleure.

Courage à ceux qui apportent de la vraie joie, une vraie dynamique de vie porteur de sens.

Je continue à dire que tout est toujours possible si nous sommes cohérents entre ce que l’on dit et ce que l’ont fait.

Parcours de combattant d’un jeune professionnel sourd

(Histoire librement inspirée de fait réels)

Pika est sourd. Pika est un jeune professionnel. Il prend les transports en commun pour aller à son boulot. Mais là, ce jour-là, rien ne va. Son réveil vibrant n’a pas fonctionné et a du se lever à toute allure à cause de son retard. Le stress lui monte déjà aux tripes. Il arrive sur le quai du métro. L’affichage est en panne. Il y a une annonce vocale : « …. Sion, …o…… anne……i… ute. ». « Chuis pas dans la merde », se dit-il. Il demande à son voisin d’infortune. Il lui répond très rapidement. Rien compris. Il fait répéter mais la personne s’énerve et crie « T’es con ou quoi ? Faut attendre, c’est tout ». Sacré claque. Pika reste calme mais caaaalme malgré l’angoisse. Tant pis pour le métro.

Il prends une alternative. Le vélo’v. Il va à la borne. Mais le souci, c’est qu’il rate à chaque fois entre le signal sonore et le visuel pour décrocher le vélo. Donc il galère à le prendre. Enfin arrivé, il enfourche la bête métallique et manque de se faire faucher par une camionnette qu’il n’avait pas vu. Il était arriver un peu trop vite. Pika l’a entendu au dernier moment. Il a senti le rétroviseur de la camionnette frôler son épaule gauche. Mais tout va bien. Il est vivant. Le vent souffle dans ses aides auditives mais il reste vigilant. Il essaie de rester droit sur la chaussée en évitant les couillons qui s’arrêtent sur les bandes cyclables. Transpiration. Son appareil grésille. « Et m…. ». Il pédale à fond pour arriver à son boulot.

Rangement du vélo-v à destination. Badge qu’il essaye d’enclencher. Il doit sentir un déclic, petite vibration lui signalant que la porte s’est ouverte. Mais là, pas moyen. Il y a un souci. Un interphone s’impose pour avertir l’accueil. Il déteste ça. Biiiip. Une voix lointaine. Il comprend rien. « C’est Pika Toufair ». Une hôtesse d’accueil excédé ouvre et lui murmure des mots doux. Des mots doux, c’est pas vraiment ça. Elle marmonne et râle. Pika fait celui qui n’a rien entendu et c’est effectivement le cas.

Il s’installe à son poste devant un ordinateur. De la comptabilité. Un pur bonheur. Il prévient ses collègues qu’il est arrivé à travers une vitrine séparant les bureaux. Vive la visibilité où l’on peut éviter à toquer contre une porte opaque.

Bref, il se met au travail après avoir soigneusement séché son appareil. Coup de téléphone. « Pas aujourd’hui, pas branché », pense Pika. Le téléphone insiste. Il décroche et entend une voix forte et saccadée. Il comprend à peu près mais ça le fatigue beaucoup. Après 15 minutes de discussions autour des chiffres, il raccroche épuisé. Il se lève pour aller à la machine à café. Inclusion de sous dans l’avaleuse et hop, un verre d’expresso. Il saisit son breuvage et on l’appelle par derrière. « Pika ! ». Ce dernier sursaute et manque de renverser sa potion magique. Son collègue s’excuse et avait oublié que c’était une mauvaise idée de faire cela.

Échange d’informations puis un autre collègue passe ainsi qu’un troisième et s’ensuit une cacophonie, des rires et des mines sérieuses. « Youhou, je suis là. Vous pourriez faire attention, s’il vous plait ». «Rien d’important, Pika ». Puis ils s’en vont dans leurs bureaux. Pika reste planté, un peu énervé et même très désappointé. Dans quelle langue doivent-ils comprendre que n’importe quelle information est importante ? Elle permet d’inclure la personne dans son contexte et d’intégrer la personne dans le milieu. Sans informations, il devient hors hors-course, juste à essayer de boucher les trous, à recoller les morceaux. Et ça c’est épuisant. Pika demande parfois des explications par écrit mais cela met une éternité à venir. Comment s’investir dans un boulot où les échanges ne sont pas optimales, hein ?

En fin de journée, Pika part du boulot avec un gros mal de crâne. Il arrive au métro. Personne. Il va au guichet d’accueil. On lui répond que le métro est en panne jusqu’au lendemain. Il tilte d’un coup suite à une conversation entre ses collègues. Il avait entendu le mot métro mais n’a pas pu saisir les autres mots. Il envoie un texto à un des plus proches collaborateurs. Réponse : « Mais oui, Pika, on l’a dit quand t’étais là. T’écoute pas, c’est tout. A demain ». Zen, mais zeeeen. Mais Pika a envie de prendre un énorme bazooka et de faire exploser tout l’immeuble où se trouve l’entreprise. Cela ferait un sacré carnage. Mais cela ne résoudra rien,  évidemment. Pika reprend le vélo-v et va pouvoir se défouler au foot en salle.

Flash info positif

Aujourd’hui, plusieurs évènements ont eu lieu dans des lieux insoupçonnables.

En Irak, à Erbil, Une mère de famille yézidi a crié sa souffrance et à tout de suite appelé à la prière pour ses persécuteurs. Elle a appelé à ne pas se venger malgré la haine qui peut ressurgir à tout instant. Toute une communauté s’est rassemblé dans le silence pour la paix dans leur pays, pour qu’ils puissent retrouver leurs maisons, leurs boulots.

En Tunisie, une famille musulmane a invité pour l’Aid el kébir ses voisins chrétiens et juifs. Des rires et des chants ont fusé dans tout le quartier.

En Centrafrique, Des anti-balakas ont baissé les armes face à des jeunes chrétiens qui protégeaient des musulmans dans une église.

En Ukraine, un rebelle a tenté de renouer le dialogue sur le front de la guerre civile. Trois heure sans coups de feu ont été accueilli avec soulagements, permettant un peu de répit aux habitants de Donetsk.

En Ouzbékistan, un patron d’une usine a organisé un repas festif avec ses ouvriers et leurs familles.

Au Mexique, à Ciudad Juarez, un mafieux de la drogue a demandé pardon aux familles des victimes et s’est rendue à la justice. Il a donné tous ses biens en faveur de la protection des enfants.

A Paris, dans le métro n°13, toute une rame de métro s’est mise à chanter avec un joueur d’accordéoniste : « Je ne regrette rien » d’Edith Piaf.

Aux Etats-Unis, dans l’Etat de Kansas, lors d’une manifestation, une caissière a pris la parole au micro et a proposé des solutions au lieu d’accuser les responsables.

Partout dans le monde, chacun, devant son ordinateur, s’est mis à rêver et à établir des projets de dialogue, de fraternité.

Ensemble, essayons malgré tout, de construire des liens de coopération, de partenariat pour améliorer les conditions de vie chacun.

Essayons et soyons source de propositions sans accuser au risque de braquer l’autre dans ses retranchements.
Tous les faits réels sont fictives mais elles peuvent exister et sont souvent inspirés de faits réels ( indiqué en italique)