(Histoire librement inspirée de fait réels)
Pika est sourd. Pika est un jeune professionnel. Il prend les transports en commun pour aller à son boulot. Mais là, ce jour-là, rien ne va. Son réveil vibrant n’a pas fonctionné et a du se lever à toute allure à cause de son retard. Le stress lui monte déjà aux tripes. Il arrive sur le quai du métro. L’affichage est en panne. Il y a une annonce vocale : « …. Sion, …o…… anne……i… ute. ». « Chuis pas dans la merde », se dit-il. Il demande à son voisin d’infortune. Il lui répond très rapidement. Rien compris. Il fait répéter mais la personne s’énerve et crie « T’es con ou quoi ? Faut attendre, c’est tout ». Sacré claque. Pika reste calme mais caaaalme malgré l’angoisse. Tant pis pour le métro.
Il prends une alternative. Le vélo’v. Il va à la borne. Mais le souci, c’est qu’il rate à chaque fois entre le signal sonore et le visuel pour décrocher le vélo. Donc il galère à le prendre. Enfin arrivé, il enfourche la bête métallique et manque de se faire faucher par une camionnette qu’il n’avait pas vu. Il était arriver un peu trop vite. Pika l’a entendu au dernier moment. Il a senti le rétroviseur de la camionnette frôler son épaule gauche. Mais tout va bien. Il est vivant. Le vent souffle dans ses aides auditives mais il reste vigilant. Il essaie de rester droit sur la chaussée en évitant les couillons qui s’arrêtent sur les bandes cyclables. Transpiration. Son appareil grésille. « Et m…. ». Il pédale à fond pour arriver à son boulot.
Rangement du vélo-v à destination. Badge qu’il essaye d’enclencher. Il doit sentir un déclic, petite vibration lui signalant que la porte s’est ouverte. Mais là, pas moyen. Il y a un souci. Un interphone s’impose pour avertir l’accueil. Il déteste ça. Biiiip. Une voix lointaine. Il comprend rien. « C’est Pika Toufair ». Une hôtesse d’accueil excédé ouvre et lui murmure des mots doux. Des mots doux, c’est pas vraiment ça. Elle marmonne et râle. Pika fait celui qui n’a rien entendu et c’est effectivement le cas.
Il s’installe à son poste devant un ordinateur. De la comptabilité. Un pur bonheur. Il prévient ses collègues qu’il est arrivé à travers une vitrine séparant les bureaux. Vive la visibilité où l’on peut éviter à toquer contre une porte opaque.
Bref, il se met au travail après avoir soigneusement séché son appareil. Coup de téléphone. « Pas aujourd’hui, pas branché », pense Pika. Le téléphone insiste. Il décroche et entend une voix forte et saccadée. Il comprend à peu près mais ça le fatigue beaucoup. Après 15 minutes de discussions autour des chiffres, il raccroche épuisé. Il se lève pour aller à la machine à café. Inclusion de sous dans l’avaleuse et hop, un verre d’expresso. Il saisit son breuvage et on l’appelle par derrière. « Pika ! ». Ce dernier sursaute et manque de renverser sa potion magique. Son collègue s’excuse et avait oublié que c’était une mauvaise idée de faire cela.
Échange d’informations puis un autre collègue passe ainsi qu’un troisième et s’ensuit une cacophonie, des rires et des mines sérieuses. « Youhou, je suis là. Vous pourriez faire attention, s’il vous plait ». «Rien d’important, Pika ». Puis ils s’en vont dans leurs bureaux. Pika reste planté, un peu énervé et même très désappointé. Dans quelle langue doivent-ils comprendre que n’importe quelle information est importante ? Elle permet d’inclure la personne dans son contexte et d’intégrer la personne dans le milieu. Sans informations, il devient hors hors-course, juste à essayer de boucher les trous, à recoller les morceaux. Et ça c’est épuisant. Pika demande parfois des explications par écrit mais cela met une éternité à venir. Comment s’investir dans un boulot où les échanges ne sont pas optimales, hein ?
En fin de journée, Pika part du boulot avec un gros mal de crâne. Il arrive au métro. Personne. Il va au guichet d’accueil. On lui répond que le métro est en panne jusqu’au lendemain. Il tilte d’un coup suite à une conversation entre ses collègues. Il avait entendu le mot métro mais n’a pas pu saisir les autres mots. Il envoie un texto à un des plus proches collaborateurs. Réponse : « Mais oui, Pika, on l’a dit quand t’étais là. T’écoute pas, c’est tout. A demain ». Zen, mais zeeeen. Mais Pika a envie de prendre un énorme bazooka et de faire exploser tout l’immeuble où se trouve l’entreprise. Cela ferait un sacré carnage. Mais cela ne résoudra rien, évidemment. Pika reprend le vélo-v et va pouvoir se défouler au foot en salle.
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