Vivien, a sourd-in work # Directeur de camps VTT

Pour cette chronique, je vous parlerai de mon expérience de directeur de camps VTT. Alors oui, j’ai fait du VTT (on ne rigole pas pour ceux qui me connaissent :-D). C’est grâce à l’association Camps Interjeunes de l’est que j’ai pu vivre cette expérience. En fait il y avait plutôt un directeur général qui pilotait 4 camps : Déclic (11-13 ans), VTT (13-16 ans) – Maintenant c’est Sac-Ado, Horizon (13-15 ans) et Cré-action (15-17 ans).
Donc j »étais le directeur du camp VTT en 2008 (Mens en Isère) et en 2012 (Goldbach en Alsace). et à chaque fois, j’ai eu une équipe de jeunes animateurs de chocs.
J’ai beaucoup apprécié les temps de réunion avec les animateurs après la veillée, pour débriefer, se dire les choses, dénouer les malentendues (Oui, avoir un directeur sourd, ça donne du piment aussi). Je pense que j’étais un peu trop exigeant au niveau hygiène, mes anciens collègues animateurs vous le confirmeront

Et bien sûr, j’ai vécu de très bons moments avec les jeunes avec des grandes balades en VTT, des jeux de pistes, les veillées et le must pour moi, ce fut le mot du soir. Un temps d’histoire, de spiritualité, de philosophie pour relire notre journée.
Je me souviens d’un défi avec trois jeunes : Observer le lever du soleil du haut du Châtel (1937m). Nous étions monté au sommet d’une montagne à 3h du matin (on nous avait déposé en voiture dans un chalet à mi-parcours la veille)
Pour info, j’ai quelques soucis d’équilibre dans l’obscurité, donc imaginez la frousse que j’avais avec mon sac à dos, sur le sentier menant au sommet. Je suis tombé trois fois du bon côté, sur l’herbe et non vers le vide. Au sommet, ce fut un vrai soulagement avec le soleil qui daignait enfin se montrer. On s’était caillé! Merci aux trois jeunes Alexandre surnommé Blu’, Valentin et Paul ! S’ils me lisent, ils se reconnaitront!
Je pense que les jeunes ont vraiment vécu de bons moments et qu’ils ont réussi à me supporter.

Et à Godbach, en Alsace ? Mémorable aussi donc un camp près des cigognes vers Soultz-Haut-Rhin et de belles balades en vélo dans les plaines d’Alsace et vers le petit Ballon.

Camp en Alsace ! Ma tente au premier plan 😀
Photo prise au Quartier général des camps à Mens, en 2008 !
(J’ai malheureusement perdu mes photos de ce camp)

Bref, ma surdité ne m’a empêché de vivre pleinement ces expériences et d’avoir un poste à responsabilité. L’essentiel, c’est de pouvoir être reconnu dans ses compétences et d’évoluer dans la confiance et le dialogue. Merci à Sébastien qui m’a beaucoup appris, le fameux DG, frère salésien de Don Bosco !

Mauvaises expériences, apprentissage de la vie ?

Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous quelques mauvaises expériences pour illustrer que je porterai toujours mes valeurs quoiqu’il en soit : Ne jamais généraliser et toujours garder l’esprit ouvert, sans juger.

Ces faits se sont déroulés quand j’étais jeune ado, en 93-95 !

Juillet 93. Camp scout en Bretagne. Ce fut mon premier camp scout, en bleu. J’avais déjà été trois ans en tant que louveteau.Il faisait doux , un grand soleil (T’es sûr que c’était en Bretagne ? ). Trois jeunes plus âgés que moi m’avaient emmené un peu à l’écart du camp. Ils m’avaient enlevé la cheminée puis m’avaient ligotés avec une corde rêche. Puis ils m’ont trainés par terre en me fouettant avec des branches de conifères. (Pourquoi tu t’es laissé faire ? ) Sans doute, j’estimais que c’était un rite de passage. J’étais naif à l’époque. J’en fus quand même mortifié et quand un des chefs scouts a vu mon torse ensanglanté, j’ai du expliquer pourquoi et les jeunes se sont bien fait remonter les bretelles. (Ils n’ont pas des bretelles, les scouts !).  Cette expériences ne m’ont pas fait dégouté du scoutisme car je savais très bien que ce n’était l’affaire que de ces trois jeunes qui voulaient trouver un bouc-émissaire, un souffre-douleur. (T’as été gâté quand même de ce côté, même au collège). Ce n’est pas la peine de faire jouer les violons.

5 février 1995 à 15h, un dimanche ensoleillé, température fraîche mais pas désagréable. J’enfournais mon vélo pour aller voir un copain. A peine sorti de la maison, au carrefour, trois jeunes d’origine maghrébine me barrait la route. Deux à vélo et un à pied. Petite appréhension. Je continuais ma route à passant à coté de celui qui était à pied. Ce dernier, rapidement, donna un coup de pied dans mon vélo. Je tombais sur la route puis machinalement, je m’agrippais à mon vélo. Le piéton tenta dé récupérer mon vélo en me frappant sur la joue pleins de fois. Je criais plusieurs fois « Au secours, au voleurs » et ils partirent tous les trois. Je fus sonné pendant quelques secondes, soulagé d’avoir gardé mon vélo. Je rentrais chez moi en tremblant. Ma famille était à l’étage. J’étais resté seul à pleurer dans le salon puis je suis allé voir mes parents. Mon grand frère qui m’avait vu tout rouge, partit à la recherche de mes agresseurs en vélo. Il revient plus tard penaud.
Quelques jours plus tard, trois jeunes d’origine maghrébine (pas ceux qui m’avaient agressé) allaient me croiser dans une ruelle près de chez moi. Une peur m’envahit mais je restais juste prudent, pas méfiant.
Bref, cette expérience ne m’a pas fait devenir xénophobe. Je ne me suis pas dit que tous les jeunes maghrébins étaient des voleurs. Parce que je savais très bien que la généralisation n’avait aucun sens. (Mais qu’est-ce qui t’a aidé a ne pas t’enfermer dans la crainte et la peur ? ). Attends, j’ai encore quelques appréhensions enfouies, aujourd’hui, si je croise une bande dans la rue, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une crainte mais j’arrive à me raisonner. Ce qui m’a aidé ? Ce sont les lectures et des échanges interculturelles. Quand j’étais plus jeune (de l’âge de 2 ans à 6 ans), j’ai cotoyé à l’île de la réunion des enfants de toutes origines, pendant 4 ans.

Je dirai que c’est aussi ma foi chrétienne qui m’aide toujours à croire en l’autre, parce que je crois en un Dieu d’Amour, complètement loin de l’image que nous pouvons avoir d’un Dieu qui juge, qui ignore, violent. (Paf, ça y est, t’avoue que tu crois en Dieu. Tu vas te faire cataloguer, étiqueter. Tu partages comme ça, en public ? ). Et alors, je ne peux pas renier une partie de ce que je suis. Parce que j’en ai aussi eu des mauvaises expériences dans l’Eglise.  Avec un prêtre par exemple, qui m’a humilié en public quand j’étais servant d’autel, parce que je n’avais pas entendu une consigne. Comme j’avais déjà rencontré d’autres prêtres bienveillants, je compris que c’étaient avant tout des hommes avec leurs qualités et défauts, avec leurs personnalités, leurs souffrances. Qui suis-je pour juger ?

Bonnes ou mauvaises, les expériences nous fortifient malgré les douleur, les galère, les désillusions, les larmes (ça va, n’en fais pas trop non plus, arrête les violons aussi) ! Facile à dire quand on ne vit plus cette souffrance.

En tout cas, je vous souhaite de vivre de belles rencontres, de belles expériences pour contrebalancer les mauvaises expériences et les regarder de manière plus apaisée !

Opération un sourd en fauteuil

Ce jeudi 21 novembre, je devais ramener un fauteuil roulant sur Lyon pour une formation. Habitant Chaponost, j’ai saisi l’occasion d’expérimenter un trajet en fauteuil roulant. Un sacré défi.
Tout d’abord, j’ai dû anticiper sur les arrêts de bus accessibles. Le plus prêt était la Gare de Chaponost, dans la vallée. Il me fallait descendre donc. Légère appréhension. Puis je voulais prendre quelques affaires mais je ne voulais pas prendre mon sac à dos et l’accrocher derrière mon dos, de peur que je n’entende rien si on tente de me le piquer. Donc j’ai fait le choix de prendre une sacoche en bandoulière.
J’avoue que j’étais un peu stressé. Par chance, il faisait grand soleil.

Le début fut galère. Je roulais sur la route mais je partais sans cesse vers le trottoir à cause d’un devers. Je n’avais donc pas le choix, j’ai roulé sur le trottoir difficilement. Arrivé à un arrêt de but, un bus s’est arrêté pile poil pour me proposer de monter. Ce n’était pas le bon bus et n’allait pas dans la bonne direction, j’ai donc refusé. Dès que le bus était reparti, j’ai réalisé qu’il aurait pu me déposer à la gare qui était sur son passage. Grave erreur !
Et c’est ainsi que quelques mètres plus loin, j’amorçais la descente. Je freinais avec mes mains (j’avais des gants, of course). Par trois fois, j’ai failli basculé en avant. Mes jambes m’ont effectivement aidé à éviter la chute finale. Je n’ose pas imaginer la suite  si je ne l’avais pas fait.

Et là, j’ai dû emprunter la piste cyclable en sens inverse pour descendre à la gare. J’ai dérapé plusieurs fois à cause de mes roues de devant. Le fauteuil, il me semble, n’était pas approprié pour des déplacements à long cours. Il servait juste pour de la sensibilisation.

Enfin, j’arrive à l’arrêt de bus. J’ai dû contourner un bosquet pour pouvoir l’atteindre. La chauffeuse de bus a pu sortir la rambarde mais a eu beaucoup de mal à le refermer. Si elle savait que j’étais un imposteur, elle n’aurait pas apprécié !
Une passagère m’avait aidé à monter. Et le composteur ne fonctionnait pas. J’avais demandé à un passager de valider ma carte à un autre composteur, Cela s’est passé sans souci. Voyage en bus tranquille.

Arrivée à la gare d’Oullins paisible. l’ascenseur fonctionnait très bien même s’il n’y avait pas de miroir qui te permet de reculer sans devoir regarder derrière. Même chose pour l’ascenseur qui va au quai. Dans le métro, je n’ai pas senti de regards curieux, gênés. Il y avait juste une mendiante qui est passé devant moi sans me demander des sous. Vous comprenez, je suis handicapé, je dois être pauvre!

En sortant du métro à Jean Macé, je voulais atteindre le tram. Et en tentant de passer un passage roulant, euh piéton, j’ai eu du mal à monter sur le trottoir. Une vieille dame a posé ses courses et a tenté de m’aider. Je l’ai remercié gentiment et j’ai pu monter un reculant avec mon fauteuil. Oui, ce n’était pas la première fois que j’en faisais, je précise.

Et c’est ainsi que j’ai pu finir mon parcours avec le tram jusqu’à Bachut où je n’ai rencontré aucune difficulté. Ah si, juste à la fin pour rejoindre l’ORT, j’ai du faire un détour à cause des travaux.

Pour conclure, j’ai apprécié cette expérience pour mieux comprendre comment cela pouvait être galère de se déplacer et que c’était un métier ! Donc une pensée pour ceux qui se déplacent quotidiennement sur des cheminements parfois laborieux. Mais aussi pour les personnes aveugles où les obstacles peuvent être dangereuses, surtout ceux qui sont en hauteur!

Une expérience du clown

Ce week-end, j’ai eu le plaisir de rependre l’expérience du clown. Cela faisait pas mal d’années que j’en avais plus fais. Et pourtant un ami, professeur clown,  avait murmuré à ma bonne oreille : « Ne lâche jamais ton clown ».

Pas le clown que l’on  voit dans les films d’horreur, ou bien l’idée qu’on fait le clown pour faire rire. Point du tout, être clown….. c’est être humain puissance 10 ou même 100! Etre clown, c’est pouvoir jubiler sur ce qui advient, de goûter chaque instant sans que le mental parasite ce qui convient de faire ou pas. En fait, le mieux, c’est de l’expérimenter.

J’aimerai vous parler surtout comment j’ai vécu un moment de la journée d’hier. Je devais passer en solo.

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Bref, nous devions être face au public (les autres stagiaires) et présenter un chant, ou une poésie, ou un numéro circassien, ou bien faire peur en faisant bouh.

En attendant mon passage, j’avais la trouille. Une peur immense d’échouer, de pas savoir quoi faire. Un vide se créait en moi. Même si ce n’était pas la première fois que j’en faisais. Puis est venu le temps d’y aller. Je m’étais mis derrière les rideaux. Et là, j’ai décidé de vivre avec ma peur. D’y aller avec mon émotion du moment. En mettant le nez, mon clown a gouté chaque geste, en buvant le regard du public, et vivre avec le public, s’appropriant des accidents comme des cadeaux.

C’est impossible de vous raconter ce qu’a fait mon clown. J’ai jubilé, incroyablement jubilé. Au fond de moi, un grand sourire se déployant au fur et à mesure. J’ai pu exploiter ma peur pour « réussir ». L’avantage est que le public était très bienveillant. Le clown est au service du public.

Après cette expérience, j’ai essayé de faire le parallèle sur la vie quotidienne. Comment je peux utiliser ma peur pour aller vivre des projets malgré tout ?

J’invite vraiment chacun d’entre-vous à vivre l’expérience du clown, de découvrir votre clown. On peut explorer des univers inattendues, insoupçonnables.

Alors merci à ceux qui œuvrent pour faire émerger chacun de nos clowns.

Dernier mot: il n’est jamais trop tard pour le découvrir!

Quelques livres à découvrir :

Et une vidéo à découvrir : (Patinage clownesque)

Je ne veux pas vieillir

Je ne veux pas vieillir.

Je ne veux pas avoir des rides

Ni même des cheveux blancs.

Je ne veux pas devenir sénile.

La vieillesse défigurera mon corps.

Le temps me rouillera jusqu’au cœur.

Aux yeux de tous, je deviendrai invisible

Car je ne servirai plus à rien. Inutilisable !

Je serai bon à mettre au placard.

Ma peau fripée fera fuir les regards.

Je ne veux pas être faible et gâteux

A la merci des requins et des escrocs.

Mai quoi, je deviendrai une charge

Et même pire, je serai une décharge.

 

Halte-là jeune effronté et plaintif !

Cela fait partie de la vie et ça s’entretient.

Je suis fier des cheveux gris signe que j’ai vécu

De belles expériences et traversés des obstacles.

Tout dépend du regard que tu portes sur tes jours,

Tout dépend du regard que tu portes sur chaque être.

Il ne tient qu’à toi de choisir de vivre au mieux

En explorant toutes tes richesses, en les partageant,

En les fructifiant. Râle mais après avance avec tes sources

Amicales, fraternelles ou familiales, et même des inconnus.

Non, vieillir, ce n’est pas la mort quand tu n’accumules pas

Que des regrets, des remords, des craintes, des peurs.

Mais jusqu’où vieillir ? Là, je ne peux pas te répondre.

Cela fait partie des mystères de la vie et cela met du piment

Dans tout ce que tu vas imaginer, créer, entreprendre.

Lettre à un jeune diplômé

Salut à toi qui viens d’avoir ton diplôme en poche,

Même si je ne te connais pas, je voulais te donner quelques conseils d’ami, d’un collègue. Même si je n’ai pas les cheveux blancs, je pourrais te dire quand même certaines choses.

Tout d’abord, n’oublie pas que tu es un professionnel débutant. Même si tu as acquis des connaissances et des compétences, tu les feras évoluer au fur et à mesure de tes expériences. En cas de pépin, n’hésite jamais à demander de l’aide. Ce n’est pas parce que tu es diplômé qu’il te faut te démerder par toi-même. La meilleure sagesse est de s’entourer des personnes sur qui tu peux compter.

J’aimerai aussi te dire de te faire confiance et surtout de ne pas te mettre dans des situations trop difficiles pour toi. Si tu ne te sens pas capable de travailler avec des SDF, ce n’est pas la peine de postuler dans ce domaine. Cela ne fera du bien à personne. Ni à toi, ni à aux autres. Eclate dons ton métier dans un domaine où tu pourrais vraiment trouver ta place.

Je sais que les premiers mois, tu seras tout feu tout flamme dans ton boulot mais n’oublie pas de te ressourcer. N’aie pas peur de te remettre en question mais de façon constructive.

N’accepte pas un poste par défaut surtout dans un milieu où tu ne le sens pas trop. Un jour, je l’ai payé assez fort cher et je ne souhaite à personne de le vivre. Bien sûr qu’il faut vivre au niveau financièrement mais à quel prix ?

Ne reste pas seul et ne dis pas : «  Oui, j’ai compris » si tu n’as pas compris. Tu risquerais de te dire au fond de toi-même : «  Et bein, je ne suis pas dans la merde ! ».

Alors, bon courage dans tout ce que tu vas entreprendre, un bon courage aussi pour la reconnaissance dans tout ce que tu vas faire.

Peut-être que j’ai dis des choses simples, évidentes, mais ça peut aider de se remémorer tout cela. Les expériences des autres servent à te faire réfléchir sur tes pratiques !

 

Alors, bon vent à toi et garde confiance malgré les chutes et les illusions,