Pas de bonheur chez les sourds ?

On dit souvent que la musique, le son, la voix peut apporter beaucoup au bien être des personnes. Mais alors, ceux qui sont sourds complètement et qui entendent très mal et ne peuvent pas apprécier les sons qui les agressent, les étourdissent ?

Peut-on trouver un sens à sa vie dans le silence complet ?

J’en suis convaincu. Oui. Je comprends très bien ceux qui rejettent ceux qui apprécient la musique, ceux qui entendent et savourent les sons. Mais on ne peut pas, sans cesse se battre contre ce qui nous manque.

Pour ma part, je n’ai pas d’odorat en plus de ma surdité. Donc deux sens en moins dont une, heureusement arrangé par un appareillage à l’oreille. L’odorat ne me manque pas puisque je ne sais pas ce que je sais. C’est ainsi.

Là où je compense énormément et que je trouve un sens à la vie, et c’est bien sur personnel, c’est la vue. Je puise mes ressources dans l’observation de la nature, des gens, des relations humaines à travers la photographie et l’écriture. Surtout la photographie. C’est un pur régal pour moi de faire des photos et de les partager.

Un sens à la vie dans le silence ? On peut le trouver en contact avec des gens qui nous entourent, nous aiment tel qu’on est malgré le souci de la communication sauf si on arrive à se parler en LSF (Langue des Signes Françaises) ou en LPC (Langage Parlé complété).

Même dans le silence, nous avons chacun des ressources inexplorées ou peu exploitées, j’en suis certain. Par exemple, le toucher, certains peuvent avoir un don pour le modelage (j’en ai fait en CM2 et parait-il, j’avais un talent fou), pour la sculpture ou autre. On peut y prendre du plaisir et y trouver ses petits bonheurs à créer. Je crois fermement qu’en s’accomplissant, qu’en mettant en œuvre ce qu’on aime faire, on peut trouver une grande joie.

Même si reconnais ma grande chance, je souhaite vraiment que ceux qui sont dans une profonde surdité et qui la vivent très mal puissent trouver des bouts de bonheurs. Et ces petits bouts de bonheurs sont uniques pour chacun.

Le langage de Sophie

Dans l’accompagnement des jeunes, elle s’évertue à employer un certain langage. Un langage qui lui a beaucoup demandé d’effort sur elle-même. C’est surtout pour mieux appréhender le monde avec un autre regard, un regard plus juste et plus près de la vérité.

La négation a disparu des pensées de Sophie. Les limites, pour elle, sont des cadres et ce qui est interdit sont juste des balises qui demandent de l’attention, de la réflexion.

Ensuite, elle essaie de tout positiver. Les échecs sont des tremplins.

Les non deviennent des stop. Elle essaie d’établir des relations positives avec chaque personne et de proposer un cadre qui peut amener un comportement positif. Surtout elle s’emploie à relever 4 fois plus de qualités si elle a dû nommer un élément négatif. Elle valorise toujours le jeune devant ses pairs et ses collègues. C’est une manière de construire un projet qui ait du sens et porteur d’espoir, d’avenir.

Elle fait le maximum pour être objectif et de ne pas porter de jugements. C’est un vrai challenge qu’elle prend. Elle tente aussi de prendre soin d’elle-même pour être plus disponible aux autres, pour minimiser les luttes de pouvoirs et d’établir des liens positifs envers ses jeunes et ses collègues.

Evidemment Sophie ne vit pas dans un monde parfait et elle est souvent en confrontation avec des collègues impulsifs, qui se moquent d’elle, qui ont une toute autre vision de l’éducation.

 

Et vous ? Qu’en pensez ? Avez-vous essayé d’avoir une attitude bienveillante, sans hypocrisie bien sur. Ce n’est pas de la bienveillance de guimauve. L’attitude peut être aussi ferme pour un cadre qui a été dépassé. Vous avez des expériences à nous partager ?

 

Regarde-moi

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Regarde-moi.
S’il te plait, regarde-moi.
J’ai l’impression que tu me fuis.
Je ne me sens pas reconnu.
As-tu honte de moi ?
Que représente mon visage pour toi ?
As-tu peur de voir mes fragilités
Alors que je suis peut-être fort ?
Tu me rejettes parce que je te déçois ?
Regarde-moi sans projeter de dessein sur moi.
Je suis une personne libre, entière et fière.
Mais ça, tu ne le sais pas
Si tu ne me regardes pas.
Tu as peur de plonger dans mon regard
De voir mon intimité bafouée, ballotée.
Ton regard est important pour que je puisses grandir
M’appuyer sur des personnes qui me font confiance,
Et surtout qui croient en moi.
Je voudrais te regarder mais ton visage s’incline.
Tu te détournes de moi.
Tu n’en as pas conscience peut-être.
Mais moi, je te regarde.
Renouons une vraie relation.
Je compte sur toi
Comme je compte sur chaque personne
Sur qui je pose mon regard.
Mais un regard simple, sans défiance
ni méfiance ou dégout.
Juste un regard d’ouverture.
C’est percevoir une partie de l’être.
Donner son regard, c’est se montrer en partie.
Alors, c’est ça ?
Tu ne me regardes pas pour ne pas que je vois
Ton malaise, ta souffrance de me voir galérer ?
Tout ça parce que je ne rejoins pas tes désirs,
Que tu aurais voulu que je tende vers ton idéal ?
S’il te plait, regarde-moi pour qu’on se parle vraiment.
J’espère que le temps viendra au dialogue.
S’il te plait, regarde-moi sans projection, sans peur.
N’aie-pas peur de moi, je suis tout autre
Et tu pourrais en être fier et rassuré.

T’entendre

Je vois que tu es épuisé.

Tu t’énerves pour des broutilles.

Tu oublies l’humain

En posant tes actes de soins.

Tu t’embrouilles dans tes pensées.

Tu es à la limite du burn-out.

Et pourtant tu adores ton métier.

Tu enchaines tes heures de garde.

Tu serres les dents.

Tu figes ton visage.

Jusqu’à quand tiendras-tu?

Je t’interpelle naivement

Je fais un peu l’idiot.

Je dis que je vois ta fatigue.

Un miroir se brise.

Et les blagues fusent.

Des mots sont explusés de ton coeur.

Un sourire irradie ton visage.

Ton regard commence à rebriller.

Tu te sens soulagé, écouté.

Je comprends et j’entends ton épuisement.

Je te soutiens. Nous sommes du même bord.

Nous travaillons avec l’humain.

Ensemble, même si on ne se reverra pas,

Nous pouvons avancer, soutenu

Dans notre combat de tous les jours

En n’essayant de ne pas s’oublier.

Je sais que ce n’est pas facile.

J’ai connu ces heures où l’on enchaine

Sans pouvoir souffler, ni respirer.

J’ai connu ces moments où l’on croise

Des personnes qui nous redonne courage.

Alors ne baisse pas les bras

Sachant que tu n’es pas seul,

Qu’il y aura toujours quelqu’un

Quelque part pour t’écouter,

Te comprendre et te soulager.

Rie encore un bon coup

Et alors, tu peux continuer à vivre ton boulot

Sans perdre ta tête, ton âme et ton coeur.

Courage à toi, médecin de passage.

Courage à toi collègue du social.

Courage à toi qui travailles pour l’homme.