Journal d’un confiné #13 Des larmes

Voici que viennent les larmes
J’ai envie de baisser les armes.
(Viens donc pleurer un bon coup
Savoir un proche atteint, ça secoue).
Des larmes pour leur dire : « Je t’aime »
Qu’ils entendent ma voix à l’extrême.
(Nos émotions sont exacerbés, amplifiés
Viens donc les exprimer, te vivifier).
Des larmes pour ne pas les oublier
Pour ne pas laisser fuir notre liberté.
(Pose tes maux, ne retiens rien
Ne laisse pas surgir le chaos jupitérien)
Des larmes pour évacuer, se vider
Et tenter de se relever, décidé !
(L’échec, cela serait de rester assis.
Continue donc ton récit).
Chaque chose en son temps
Le temps de digérer l’instant.
(Que je t’embrasse avec tendresse
te rejoindre dans la détresse).
Un petit sourire dans le ventre me vient
Pour éviter les remords diluviens.
(La tristesse n’empêche pas la paix
L’espérance viendra t’enveloper).
Sans doute ! J’ai envie d’y croire.
J’ai besoin de silence, un exutoire !
(Je reste toujours là, si besoin
Prends bien soin de soi, sans foin!)

Texte écrit en écoutant le Requiem de Mozart

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Se moquer n’est pas jouer – Témoignage

En ce moment, circule la campagne contre le harcèlement scolaire. J’y suis sensible. très sensible même puisque je l’ai vécu au collège.

Comment cela se passait? Tout se jouait pas mal sur ma surdité. Dans la cour de récréation, on me sifflait et je ne savais jamais qui sifflait. Alors je cherchais le siffleur, en vain et je voyais des visages se marrer. Puis souvent ils parlaient à voix basse quand je passais, en me regardant d’un air amusé. Ils jouaient à me parler sans émettre de sons. J’avais envie de leur dire: « je sais que je suis sourd, merci ». Mais à quoi bon? Pour, j’étais niais et naïf, trop honnête même. J’en jouais pour leur faire plaisir, mais ça me rendait malade. Et tout ça, toutes les semaines.

Il y avait une période où je ne voulais plus aller à l’école et j’essayais de trouver des moyens de tomber malade. (Prise de médicaments mais je vérifiais toujours que ça n’était jamais mortel).

Je me souviens des moments où je voulais me jeter dans l’escalier de béton du collège. Mais à chaque fois, ma petite voix me disait que je pouvais en mourir. Et là, je voulais vivre malgré tout. Vivre mais loin des cons qui ne voulait que s’amuser à se moquer. J’étais le seul sourd du collège, à l’époque, selon mes souvenirs. Je ne m’étais jamais battu. Sauf une fois, en troisième. Mon prof principal m’avait enfin félicité. J’avais préféré quand même que ça se règle autrement.

Les conséquences de cette période dans vie? L’intolérance à la moquerie et aux voix basses, aux apartés.

Mais tout cela ne m’avait jamais empêcher de rêver (j’avais et ait toujours une imagination débordante), de m’appuyer sur des adultes en qui j’avais confiance et d’avoir des modèles comme des héros de romans, des héros de bande-dessinées. J’ai beaucoup écrit aussi, ce qui m’a permis aussi d’avoir des projets fous et de les réaliser! 😉

C’était il y a 20 ans. Je me dis que j’avais de la chance sans les smartphones. Aujourd’hui, tout est décuplé et la connerie s’amplifie sans aucune mesure.

Si je revoyais ceux qui me « martyrisaient », je voudrais leur poser une question: « A quoi ça t’a servi de te moquer, de jouer de moi? »

Non, se moquer n’est pas jouer et dans tous les domaines de la vie.

Ecoute-moi

( Monologue imaginaire d’un jeune en galère, peu importe son milieu, son origine)

Ecoute-moi.

Peux-tu m’écouter avant de me juger et avant d’essayer de me donner des conseils ?

J’aimerai te dire des choses qui ne vont sûrement pas te plaire.

Je ne vais pas te mentir.

Ma colère, ma haine contre ceux qui me rejettent.

Ma colère parce que je me trouve souvent face à des gens qui me tournent le dos et m’ignorent.

Ma colère contre ceux qui n’écoutent pas ma colère et n’essayent pas de me comprendre.

Moi-même, je ne comprends rien.

Je n’accepte pas mon impuissance et cela me fout en rogne. J’ai envie de tout défoncer et fuir les cons qui prétendent tout savoir et écrasent les autres.

Je te dis que je suis en colère mais je suis aussi débouté. Quand me voit, on me regarde de travers et on peut m’étiqueter : « Terroriste en devenir ».

Dis-moi, comme pourrait-je avoir un visage agréable alors que toutes ces émotions m’habitent ?

Ecoute-moi jusqu’au bout avant de me couper la parole.

Je veux chialer. Je voudrais être un homme mais je n’y arrive pas. J’essaie de faire le dur mais ça me fait mal à l’intérieur de moi. Alors je joue et sur-joue, je prends des risques à n’en plus finir.

Je voudrais bien être utile mais on ne me fait pas confiance.

Je m’énerve encore plus parce que je ne sais plus quoi dire et surtout comment le dire. Je ne trouve plus de mots.

Même si j’ai dit des horreurs, peux-tu encore m’écouter et m’entendre?

Osons la joie / Atrevemos la alegría / We must dare to joy

Villeneuve (16)

Osons la joie.
Pas une joie béate ou naïve
Mais une joie profonde qui s’infuse en nous.
Osons la joie malgré nos larmes, nos lourdeurs.
Osons alléger nos pesanteurs avec un sourire intérieur.
Gratuitement même si c’est difficile,
Même si cela semble impossible.
Osons la joie au-delà de nos douleurs
Comme une personne nous prenant dans ses bras
Nous aimant de manière sincère et sereine.
Osons la joie avec nos blessures
Et qu’elle devienne une énergie bienfaisante
Pour nous faire avancer plus paisiblement.
Du sourire intérieur, que la joie vienne caresser notre visage
Et que nos muscles faciaux se détendent.
Risquons de vivre cette joie, pour qu’elle nous traverse
Tout au long de notre corps et soulage nos contrariétés.
Que vienne cette joie pour baisser la dureté envers nous-même,
Ou bien nos exigences, nos attentes trop prenantes.
Une joie pour se rendre disponible, attentif, confiant.
Venons cultiver cette joie, pour qu’elle puisse faire germer
Des fruits insoupçonnables en notre for intérieur.
Partageons cette joie pour qu’elle soit décuplée.
Que cette énergie nous fasse grandir en humanité.
Osons chercher cette joie pour nous vitaliser encore plus.

Cheminer avec la souffrance?

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Il y a des souffrances qu’on ne peut pas gommer,
Qu’on ne peut pas fuir tellement ça nous prends aux tripes.
La colère est là à cause de cette injustice.
Parce que nous sommes impuissants.
Une profonde tristesse peut nous submerger.
Que dire ? Comment nommer ? A qui en parler ?
Qui peut comprendre ? Trop de questions, sans doute !
Terrible cette souffrance, singulière pour chaque personne.
Elle n’est pas comparable car tout est lié à la vie de chacun.
C’est là que le temps viendra pour adoucir ce poids
Et cheminer avec, si l’on trouve des lieux de repos,
Des lieux de paroles où l’on se sent reconnu.
A toi qui peines, n’aie pas peur de pleurer ou de crier
Mais surtout qu’on entende ta douleur, ton être tout entier.
Surtout qu’une personne puisses être à tes côtés et t’aimer
Aimer de manière sincère, sans être dans de la pitié.
Qu’il puisses t’écouter sans te juger, sans minimiser.
La souffrance n’est pas une honte, ni une fatalité.
Ne reste donc pas seul même si le premier pas est difficile.
Je te souhaite des moments de répits, des petits bonheurs ;
Des instants d’éternité jubilatoire et de sérénité.

La sensibilité, une force?

Etre sensible n’est pas une faiblesse, ou être de petite nature. C’est être facilement touché par ce qui nous entoure. La misère, la précarité jusqu’à la joie, la beauté peuvent nous atteindre au plus profond sans que l’autre puisse comprendre.

Même si la sensibilité nous joue parfois des tours, elle est une force.

Nous avons plusieurs degrés de sensibilités. Ceux qui ont en énormément, c’est le plus difficile à vivre. Je veux dire par là, que parfois, nous sommes tellement touchés par l’autre, par ce que l’on voit que l’on risque de s’oublier de vivre, en se culpabilisant.

Être trop sensible, nous pouvons étouffer l’autre car on peut prendre de la place par nos émotions.

Cela peut aussi nous faire mal d’être touché et surtout sentir un décalage entre ce que l’on vit et ce qu’on ne peut pas faire. Le sentiment d’impuissance est énorme.

Bien sûr, il y a différentes façons de la vivre comme à travers les arts. Ces derniers peuvent canaliser notre sensibilité.

Nous évoquons parfois des personnes qui sont des durs, alors qu’au fond, ce sont des êtres sensibles qui souffrent en restant blindés.

                N’ayons pas honte d’être sensible. Se laisser toucher dans une mesure le plus juste possible peut nous ouvrir un horizon insoupçonnable.

                « Dieu sait que nous n’avons jamais à rougir de nos larmes, car elles sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos cœurs endurcis.  » De Charles Dickens, extrait de Les grandes espérances.