En ce moment, circule la campagne contre le harcèlement scolaire. J’y suis sensible. très sensible même puisque je l’ai vécu au collège.
Comment cela se passait? Tout se jouait pas mal sur ma surdité. Dans la cour de récréation, on me sifflait et je ne savais jamais qui sifflait. Alors je cherchais le siffleur, en vain et je voyais des visages se marrer. Puis souvent ils parlaient à voix basse quand je passais, en me regardant d’un air amusé. Ils jouaient à me parler sans émettre de sons. J’avais envie de leur dire: « je sais que je suis sourd, merci ». Mais à quoi bon? Pour, j’étais niais et naïf, trop honnête même. J’en jouais pour leur faire plaisir, mais ça me rendait malade. Et tout ça, toutes les semaines.
Il y avait une période où je ne voulais plus aller à l’école et j’essayais de trouver des moyens de tomber malade. (Prise de médicaments mais je vérifiais toujours que ça n’était jamais mortel).
Je me souviens des moments où je voulais me jeter dans l’escalier de béton du collège. Mais à chaque fois, ma petite voix me disait que je pouvais en mourir. Et là, je voulais vivre malgré tout. Vivre mais loin des cons qui ne voulait que s’amuser à se moquer. J’étais le seul sourd du collège, à l’époque, selon mes souvenirs. Je ne m’étais jamais battu. Sauf une fois, en troisième. Mon prof principal m’avait enfin félicité. J’avais préféré quand même que ça se règle autrement.
Les conséquences de cette période dans vie? L’intolérance à la moquerie et aux voix basses, aux apartés.
Mais tout cela ne m’avait jamais empêcher de rêver (j’avais et ait toujours une imagination débordante), de m’appuyer sur des adultes en qui j’avais confiance et d’avoir des modèles comme des héros de romans, des héros de bande-dessinées. J’ai beaucoup écrit aussi, ce qui m’a permis aussi d’avoir des projets fous et de les réaliser! 😉
C’était il y a 20 ans. Je me dis que j’avais de la chance sans les smartphones. Aujourd’hui, tout est décuplé et la connerie s’amplifie sans aucune mesure.
Si je revoyais ceux qui me « martyrisaient », je voudrais leur poser une question: « A quoi ça t’a servi de te moquer, de jouer de moi? »
Non, se moquer n’est pas jouer et dans tous les domaines de la vie.
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