Ecoute-moi

( Monologue imaginaire d’un jeune en galère, peu importe son milieu, son origine)

Ecoute-moi.

Peux-tu m’écouter avant de me juger et avant d’essayer de me donner des conseils ?

J’aimerai te dire des choses qui ne vont sûrement pas te plaire.

Je ne vais pas te mentir.

Ma colère, ma haine contre ceux qui me rejettent.

Ma colère parce que je me trouve souvent face à des gens qui me tournent le dos et m’ignorent.

Ma colère contre ceux qui n’écoutent pas ma colère et n’essayent pas de me comprendre.

Moi-même, je ne comprends rien.

Je n’accepte pas mon impuissance et cela me fout en rogne. J’ai envie de tout défoncer et fuir les cons qui prétendent tout savoir et écrasent les autres.

Je te dis que je suis en colère mais je suis aussi débouté. Quand me voit, on me regarde de travers et on peut m’étiqueter : « Terroriste en devenir ».

Dis-moi, comme pourrait-je avoir un visage agréable alors que toutes ces émotions m’habitent ?

Ecoute-moi jusqu’au bout avant de me couper la parole.

Je veux chialer. Je voudrais être un homme mais je n’y arrive pas. J’essaie de faire le dur mais ça me fait mal à l’intérieur de moi. Alors je joue et sur-joue, je prends des risques à n’en plus finir.

Je voudrais bien être utile mais on ne me fait pas confiance.

Je m’énerve encore plus parce que je ne sais plus quoi dire et surtout comment le dire. Je ne trouve plus de mots.

Même si j’ai dit des horreurs, peux-tu encore m’écouter et m’entendre?

Cheminer avec la souffrance?

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Il y a des souffrances qu’on ne peut pas gommer,
Qu’on ne peut pas fuir tellement ça nous prends aux tripes.
La colère est là à cause de cette injustice.
Parce que nous sommes impuissants.
Une profonde tristesse peut nous submerger.
Que dire ? Comment nommer ? A qui en parler ?
Qui peut comprendre ? Trop de questions, sans doute !
Terrible cette souffrance, singulière pour chaque personne.
Elle n’est pas comparable car tout est lié à la vie de chacun.
C’est là que le temps viendra pour adoucir ce poids
Et cheminer avec, si l’on trouve des lieux de repos,
Des lieux de paroles où l’on se sent reconnu.
A toi qui peines, n’aie pas peur de pleurer ou de crier
Mais surtout qu’on entende ta douleur, ton être tout entier.
Surtout qu’une personne puisses être à tes côtés et t’aimer
Aimer de manière sincère, sans être dans de la pitié.
Qu’il puisses t’écouter sans te juger, sans minimiser.
La souffrance n’est pas une honte, ni une fatalité.
Ne reste donc pas seul même si le premier pas est difficile.
Je te souhaite des moments de répits, des petits bonheurs ;
Des instants d’éternité jubilatoire et de sérénité.