Vendredi lecture #5 BD L’odyssée d’Hakim

L’odyssée d’Hakim retracte le périple d’Hakim entre la Syrie et la France en trois tomes.
Un passionnant récit d’un migrant fuyant la guerre, avec humanité et prise de recul, sans pathos ni jugeant. J’ai beaucoup apprécié la douceur du dessin, des dialogues exprimant de manière la plus juste possible les violences physiques et psychologiques commises envers les réfugiés, et heureusement des rencontres inattendues qui lui ont permis d’avancer dans son périple. .

Hakim est patron de sa petite entreprise, propriétaire de son appartement quand éclate la guerre dans son pays. C’est l’instinct de survie qui va l’amener à se décider à franchir le pas. En passant par le liban, puis la Turquie (Où il rencontre sa futur femme syrienne) , la Grèce, la Serbie et malheureusement la Hongrie avec ses camps puis l’Autriche, avec pleins d’humanité de la part des gendarmes autrichiens et enfin la Suisse et la France.


C’est une histoire à faire lire à tout le monde pour déconstruire complètement les préjugés. La bande-dessinée est un très bon support pour sensibiliser sur les aspirations profondes de chaque homme et chaque femme pour une vie meilleure. Tout le monde a le droit de vivre dans la dignité, dans un pays en paix.
J’ai beaucoup apprécié aussi les pages où l’on voit le dessinateur et Hakim échanger. Cela nous rapproche encore plus de leur humanité.

Merci à Hakim de vous avoir raconté son histoire et merci à Fabien Toulmé de nous avoir retranscris et dessiné fidèlement son histoire.



SOS méditerranée

Face aux afflux des migrants encore plus nombreux, je souhaiter apporter ma contribution. Comment ? Déjà, vous en parler et que c’est possible d’ajouter sa petite pierre à l’édifice, en fonction de nos possibilités :

SOS méditerranée

Ces migrants sont nos valeurs ajoutés pour l’Europe, car chacun ont des richesses intérieurs et professionnelles que nous ne soupçonnons pas.

Voici un témoignage fort sur le site de l’association : Kebba

Merci à ceux qui contribuent d’autres associations pour la dignité humaine, pour que chaque homme, femme et enfants puisse être regardé et entendu sans rejet, sans dégoût et sans méfiance.

Merci aux associations qui essayent aussi de sensibiliser, d’informer et de casser les idées reçus.

Arrêtons de construire des murs, des barbelés et de se replier dans la peur.

Alors, on agit ?

 

La curiosité d’Alberto ou la désobéissance civile

Piqué sur le vif, en regardant le journal, Alberto s’énerve contre ces immigrés qui envahissent le territoire. Il se réjouit des mesures préventives empêchant les étrangers de passer la frontière. Il ne pourrait pas rester chez eux, se dit-il. Alberto galère déjà pas mal à trouver un boulot. Il entretient comme il peut sa petite maison avec sa femme. Ils ont un petit potager ouvrier qui se trouve à 15 minutes à pied de chez eux, près d’une autoroute.

Un matin, au lieu de regarder les médias nationaux, il essaie de lire un autre type de journal. Comme ça, pour changer. Par curiosité. Non, pas par voyeurisme. Il ne souhaite pas se délecter des malheurs des autres. Il ne sait pas pourquoi mais il pressent que quelque chose ne tourne pas comme il se l’imagine. A cause de cette nuit. Il a fait un mauvais rêve. Alors, Alberto souhaite vérifier. Pour cela, il a besoin de recouper les informations ; Voir d’autres types d’informations. Et surtout de voir la fiabilité des informations. Oui, Alberto a une lucidité soudaine qui le surprend. Sa femme se demande s’il n’est pas malade. Il est tout calme son bougre d’homme.

Enfin, comme il a internet depuis peu, il tombe par hasard sur une vidéo sur Mare Nostrum. Sur le sauvetage des réfugiés sur les bateaux. Puis une autre vidéo sur la condition de vie des immigrés dans des centres de rétention. Enfin, il lit un témoignage d’un sub-saharien sur son parcours. Il est effaré et n’y croit. C’est aberrant. On ne peut pas vivre des choses pareils tel que se confronter chaque jour à la mort, à la soif, à la faim avec une peur qui vous tenaille jusqu’aux entrailles. Mais alors qu’est-ce qu’il les amène hors de son pays ? Est-ce vraiment le désespoir ? Ne serait-ce pas du courage et une volonté de vivre de vouloir s’échapper d’un monde où il risquerait de mourir à chaque instant ?

Alberto est ébranlé. Il perd un peu ses repères. Il se souvient de son père qui avait immigré d’Italie. Il ne souvient pas qu’il ait tant galéré. Il avait souffert mais vraiment autrement pour vouloir offrir une vie plus digne à sa famille, ses enfants. Alors pourquoi ces réfugiés n’auraient pas droit de trouver une meilleure vie ailleurs ? Chacun a sûrement des talents à donner, à offrir au pays qui l’accueille.

Puis Alberto pense aux gouvernements européens et africains. Quels sont leurs responsabilités dans les conflits qui secouent beaucoup de  pays. Quels sont les responsabilités des multinationaux qui maintiennent des injustices à n’en plus finir ?

Toutes ces questions en une journée. Alberto se sent épuisé mais changé. Sans parler à sa femme, il va voir une association qui s’occupe des réfugiés entre autres, la Cimade. Il découvre aussi l’existence de Coordination Urgence Migrants, Forum réfugiés, . Il est rassuré que des associations existent. Mais il pressent que cela ne suffit pas. Les jours passent et ressent le besoin d’informer, de sensibiliser les personnes.

Ce n’est pas parce qu’un étranger arrive qu’il va prendre mon boulot. Il a autant sa place comme je peux avoir ma place, se dit-il.

Sa femme a bien remarqué son manège. Un soir, elle l’engueule bien gentiment car Alberto est souvent en ville pour rencontrer des associations, pour donner un coup de main.

Et moi, qu’est-ce que je peux faire ? Lui lance-telle ?

Alors Alberto lui fait part de ses idées. Comme il est maçon et bricoleur, il souhaite construire des maisons assez simples, pratique pour les migrants de passage. Il avait repéré un champ en abandon. Il en avait parlé au vieux propriétaire qui est d’accord en échange de propreté, d’entretien du terrain.

C’est ainsi que les jours suivants, il construit un petit village, avec son réseau de voisins et des migrants qui sont partis prenant du projet. Au-delà de la loi parce qu’il n’ pas de permis de construire. Avec l’administration, cela aurait trop traîné. La solidarité et le partage prime pour que chaque réfugié retrouve sa dignité, en se sentant utile et reconnu tel qu’il est.

Alberto sent bien qu’il est hors-la loi mais la désobéissance civile devient nécessaire quand la loi est devenue écrasante pour ceux qui sont dans la misère. Il souhaite que la Loi serve plus les plus pauvres et moins les nantis. Trouver un juste équilibre.