Ce matin, en allant au marché, j’ai repris conscience que sans doute, je n’entendrais plus avec mes appareils. Dans quelques années, probablement !
Alors, je savoure de pouvoir entendre et écouter, en ce moment.
Les froissements de papier en emballant le pain. Les pas contre le bitume. Les rires des enfants au côté de leurs parents. Les croassements des choucas des tours. La brise qui souffle dans mon appareil auditif. Le « Bonjour » d’une connaissance.
Puis en revenant à la maison.
Les petits miaulements de mon chat. Les bruits de fermeture de porte, en douceur ! Le glissement patiné d’une chaise. Les bruits du clavier quand je vous écris. Le glissement de la souris sur mon bureau. Le robinet qui coule dans la cuisine. Le cliquetis d’une cuillière dans une tasse. La voix de ma fille au loin parlant à sa mère. Un jouet qui tombe sur le sol chez mon voisin au-dessus.
Faudrait que je profite aussi à écouter plus souvent de la musique. A ré-entendre mes morceaux préférées.
Puis quand j’irai marcher.
Entendre le craquement des feuilles mortes sous mes pas. le moindre chant d’oiseaux. Le tintement d’une cloche. Les cliquetis de clés dans ma poche. Des cailloux qui s’entrechoquent contre mes semelles.
J’aimerai entendre un orage qui gronde Le tonnerre qui résonne dans la vallée. Le brâme d’un cerf ? Le son est trop grave, jamais entendu.
Ne plus penser à ce qui me manquera. Il me faut profiter à chaque instant, maintenant.
Et surtout allier le son et la vue !
Observer une chouette hululer. Contempler une cantatrice chanter. Regarder la pluie tomber à verse. Carresser du regard un orchestre jouer. Toiser un chat ronronner. Voir un public faire la ola lors d’un match de rugby.
Allez, Je continue à profiter. A construire des projets. Et surtout de rire et sourire Après avoir pleurer un bon coup.
Voici la preuve à travers mon audiométrie d’hier matin.
J’étais allé chez mon audioprothésiste pour confirmer ma baisse d’audition vu chez l’ORL.
Cela s’est passé en plusieurs phases : .Test tonal avec et sans appareil auditif .Test tonal avec le casque sur le conduit osseux .Test vocal avec appareil auditif.
Et bien dans la vidéo, vous pouvez constater que je galère à comprendre certains mots même si je les entends :
Sauf à la fin de la vidéo où je suis à la ramasse complet.
Souvent, nous faisons de la suppléance mentale. C’est à dire que nous essayons de deviner le mot selon le contexte.
Ça passe ou ça casse.
Pour info, il y a une vingtaine de listes de 10 mots.
Cela ne sert rien de les apprendre par cœur pour faire croire qu’on entend bien.
Avec tout ça, nous trouverons toujours des solutions pour s’entendre et se comprendre, et surtout s’écouter.
Faites un test d’audition régulièrement, cela pourrait être bien.
Pour ajuster votre confort auditif si besoin. Et pour votre entourage aussi.
Et surtout lié au talent de la photographe. De m’avoir mis à l’aise. D’avoir débrouissailler le terrain avant.
J’ai répondu à l’appel d’un projet d’une exposition Sur les handicaps pour l’association Different is Beautiful.
Cela ne se voit pourtant pas que j’ai un handicap, n’est-ce pas ?
Bref, j’ai rejoint Francesca Clayton pour cette séance photo. J’ai pu prendre un temps pour échanger avec elle. Juste poser mes bagages, un peu lourd, en toute franchise.
Au début, je ne souriais pas, encore rempli d’émotions. Les clichés s’enchainaient malgré tout. Avec tout ce que j’étais, naturellement. Sans artifices.
Puis je m’étais détendu. Un sourire était venu. « Vivien, tu vas bien ».
Ce n’était pas une question. Mais bien une affirmation. Et c’était vrai. Je me sentais mieux.
Accepter de se prendre en photo Avec mes imperfections.
Mon sourire un peu de traviole. Mon trait blanc en plein milieu de mes cheveux. Une ancienne cicatrice plus précisément. Mon front un peu proéminent, élement visible de mon syndrome de CHARGE.
Tout cela ne m’empêche pas d’être visible dans les réseaux sociaux. Et encore plus sur scène.
Depuis cette séance, des choses se sont enclenchées en moi. Cela a apaisé mes angoisses, mon anxiété qui trainaient depuis trop longtemps.
Puis j’ai promis à Francesca de me lancer dans mon projet spectacle itinérant en vélo. Car c’est cela qui me fait avancer, vibrer et qui me fait sentir aligné avec ce que je suis.
J’en ai 9 exactement de ces photos, très variées dont certaines sans sourire et d’autres plus comiques. Juste moi tout simplement. Avec mes parts sombres et mes parts joyeuses.
Je vous les montrerai en illustrant d’autres posts.
Apprecions les sens que nous avons. Ne regrettons pas ce que nous perdons. Juste se contenter et savourons Le moindre plaisir, nos passions.
Depuis toujours, Je suis sourd Puis pas d’odorat Ce n’est pas drama.
Je me suis habitué en m’appuyant sur la vue et le toucher. Surtout la vue pour observer, contempler, chercher Les couleurs, la lumière, les contrastes, le paysage. Depuis je ne cesse de vouloir faire des voyages.
Des voyages à travers les cartes, les photos. Juste à quelques pas de chez moi. Quand je peux, je marche, je fais du vélo. Cel n »est jamais neutre, toujours avec émoi.
Sans son, sans odeur, j’écris Ou bien je déclame, je murmure Pour briser les préjugés bien durs. Alors je persévère sans mépris.
Explorons nos forces mille fois, Avec nos vulnérabilités, avec foi. Kiffons ce que nous sommes déjà Et oser se lancer tel un ninja.
Avec vous, j’aimerai sentir la joie De s’entendre, de se comprendre. Comme un feu grégeois, Que nos rires puissent se répandent.
Invité par le café associatif BaObel, j’ai passé un très bon moment auprès de 40 personnes, de tout horizon.
J’ai entendu rire, réagir tout au long du spectacle.
Un pur plaisir de témoigner, de sensibiliser sur la surdité dans ces conditions.
J’ai toujours à coeur de montrer la surdité sur l’angle de l’humour et dans sa diversité.
Le public s’est pris au jeu dans les questions-réponses.
N’ayant pas pu avoir mon micro-bluethooth pour cause de panne, j’ai du beaucoup circuler dans la salle pour mieux entendre les questions.
Les voici :
. Pourquoi as-tu un seul appareil ?
. Comment conduire en étant sourd ?
. Pourquoi pas d’implants ?
. Est-ce que c’est possible de percevoir la musique en étant sourd ?
. Vous avez été animateur en EHPAD, comment avez-vous communiqué avec les séniors ?
. Quelles populations avez-vous eu en tant qu’éducateur spécialisé ?
. Quand vous pensez, entendez-vous votre voix ?
. Seriez-vous d’accord pour préter votre appareil auditif à Lecornu ?
. Quel est votre vécu face au validisme ?
. Est-ce que les sourds sont bruyants ?
…
Et encore, je n’ai pas tout mis, y en avait beaucoup !
J’ai dû arreter à un moment donné vu l’heure passé.
Enfin, l’association a pu substenter le public avec de quoi boire et manger.
Et de mon côté, j’ai dédicacé mes livres « Sourd et certain » et « Qui ne tente rien n’a rien ».
J’ai eu le plaisir de retrouver une maman d’un pionnier que j’avais eu en tant que chef en 2008-2009 au Point du Jour, Lyon 5ème.
Voici quelques mots laissés sur le livre d’or :
. Quel beau parcours ! Pleins de dynamisme, d’espérance et de joie de vivre.
. Je vous remercie d’avoir partagé votre parcours avec nous ce soir. La joie de vivre pour toujours!
. Merci pour votre talent théatral qui fait passer de bons messages.
. Bravo ! Un spectacle indispensable !
. Merci infiniment pour votre récit, votre humour et encore plus c’est à dire… spectacle très puissant. Une belle dérision naturelle! Beaucoup d’humilité, bravo !
et y en a encore d’autres que je partagerai plus tard.
Merci pour cette belle soirée et avec grand plaisir.
Mes prochaines dates, pour le moment, seront fin novembre.
Pour le tout public, le vendredi 21 novembre près de Surgères.
Je noterai tout ça dans mon agenda, à mettre à jour d’ailleurs !
Même si je suis las, fatigué, Et que mes angoisses sont toujours là Lié à l’incertitude de l’entreprenariat. Et pourtant, j’ai décidé.
En relisant mes dernières années, Et surtout mes périples vélos, Cela me fait encore plus vibrer. Et surtout avec une visée écolo.
En préparant à chaque fois mon projet les mois précédents, je revivais. Mon mental résistait plus aux tempêtes.
Alors, j’ai décidé de me lancer dans un nouveau périple. Comme j’avais fait pour la Loire en vélo en 2023. La ViaRhôna avec La pause Brindille en 2024.
En selle pour s’entendre, troisième édition pour 2026 !
Mes objectifs sont : – Promouvoir la diversité du monde des sourds. – Apporter les outils pour s’entendre et communiquer – Transmettre et témoigner qu’on peut kiffer notre handicap Clin d’oeil à Virginie Delalande✨ :« Kiffe ton handicap »
Et surtout trois choses me tiennent à coeur pour chaque étape : 🔸 Un interprétariat LSF 🔹 Un sous-titrage 🔸 Une présence d’une personne sourde signante pour témoigner en fin de spectacle et échanger avec lui et le public.
Cela pourrait être une personne sourde bilingue, qui sait signer et coder, le graal.
✳️ Où ?
Cela sera la Seine à Vélo, de Paris au Havre en 6 jours. Un peu plus de kilomètres par jour que d’habitude mais ça va le faire ! J’ai déjà réflechi aux étapes.
Je commencerai à jouer à Paris, la veille de mon départ. Je vous dirai les autres étapes bientôt.
📆 Quand ?
A définir selon mes premiers contacts tel que les associations de sourds à Rouen ou Havre, et même sur Paris pour débuter mon périple. Entre mai et septembre 2026.
📠 Quel budget ?
Un contrat de co-réalisation avec les structures à chaque étape, avec billeterie ou un contrat de cession. En cours d’affinage. J’avais fait une campagne d’Ulule la première fois. A peaufiner
Je vous en parle, c’est pour le mener à terme. Je m’y engage, avec l’accord de ma femme !
Chiche pour me suivre dans cette aventure ? J’ouvrirai une page sur ce projet sur mon site internet.
PS : Prochaine date, c’est le 3 octobre à Francheville
J’ai donc joué ma première date en cette année scolaire 2025-2026 que j’espère riche. Ce fut à la salle des fêtes de Nivolas-Vermelle.
Une jolie salle tout en parquet, en peu en pente avec une haute scène avec des lumières assez puissantes.
J’étais arrivé vers 16h30 pour installer les chaises avec deux bénévoles qui m’ont accueilli chaleureusement. J’ai testé mon micro-casque sur la sono puis vérifié les lumières.
Puis j’ai pris mon temps pour répéter, faire de la relaxation, m’allonger sur scène dans le silence complet de la salle. Enfin, vers 20h, les bénévoles sont revenus pour l’accueil du public. Mon interpèrte LSF est venu me rejoindre pour traduire mon spectacle.
Hélas, il n’y avait aucune personne sourde dans la salle. Elle allait quand même faire la traduction pour le public. Puis c’est plus sympa d’être en duo. Pendant toute ma conférence, je faisais des interactions avec elle tout en faisant jubiler les spectateurs et spectatrices.
Puis vinrent le temps des échanges sur mon spectacle, sur la surdité et non point sur la recette du gratin dauphinois. Je dus me déplacer dans la salle car mon micro-bluethooh était en panne.
Comment vos parents se sont rendus compte de votre surdité ?
Racontez-vous les quiproquos les plus rigolos ?
Est-ce que vous en jouez de votre surdité ?
Est-ce que tu peux danser?
Vos amis sont principalement sourds ou entendants ?
Qu’entendez-vous avec vos appareils ?
As-tu un temps d’adaptation quand tu changes d’appareil ?
Quelle est la plus grande difficulté que tu as rencontré quand tu étais éducateur spécialisé ?
Quelle est la question la plus décalée que vous aimeriez qu’on vous pose ?
Beaucoup de rires ont résonné dans la salle et j’ai pris du plaisir à être avec le public.
Après les échanges, il y a eu un verre de l’amitié et le temps des dédicaces de mes livres « Sourd et certain » et « Qui ne tente rien n’a rien – dialogue avec un sourd » J’ai eu pas mal de personnes qui sont venus me voir, me féliciter, me remercier.
Juste une légère déception car il n’y a pas eu autant de monde que nous aurions souhaité.
Bref, voici quelques mots laissés sur mon livre d’or :
» Merci pour cette belle soirée. Très interessante et pleine d’humour. Quelle énergie ! A bientôt »
« Merci de nous avoir fait toucher du doigt la vie d’un sourd »
» Avec ta passion, ton enthousiasme et ton humour, tu m’as permis de rêver, de rire et d’esperer. Merci milles fois. »
« Un grand merci pour la jovialité et la bonne humeur ! «
« Une énergie et un « débit » scotchant, un sacré énergumène »
« Bravo pour ce spectacle drôle, émouvant, sincère ! C’est une belle expérience d’humanité ».
La rangement de la salle fut rapide et je pus reprendre ma voiture pour rentrer cher moi, avec 50 minutes de route à 23h !
Vous souhaitez que je vienne dans votre ville ? Parlez-en à votre mairie, votre association et même votre entreprise puisque je sensibilise aussi auprès des professionnels : Mon site pro : https://www.vivienapprendreaecouter.com/
En partant de Stavanger, je me sentais déjà sur le retour même s’il y avait encore 8 heures de route jusqu’à Oslo, puis deux heures après, j’enchainais sur le flixbus pour la France.
Mais ne grillons pas les étapes.
Le début du voyage se passait énormément dans les fjords, avec des routes sinueuses mais non ennuyeuses. Une petite ville m’a interpellé : MOI ! Pas ma personne, hein ? Cela devait bien se dire M…O….I Elle était au bout d’un grand fjord, étroit aussi par endroits.
Je fus surpris de voir un gué de chemin de fer coupant le fjord. Par manque de budget ?
Evidemment, il y a eu beaucoup de tunnels. Et le plus etonnant, nous avons eu droit à un enchainement tunnel – viaduc – tunnel sans transition. Nous avions franchi un fjord très étroit et abrupt. Je n’avais même pas eu le temps de prendre une photo. D’ailleurs, je n’en ai pris aucun.
Nous nous arretions dans pas mal de villages, de villes. Un endroit m’a surpris, ce fut le départ d’un vélorail avec beaucoup d’enfants avec des gilets jaunes. le départ commencait direct dans un tunnel. Ce fut à Flekkefjord exactement !
Dans la continuité du voyage, je pris conscience que la route était peu adapté pour les vélos même si nous avons croisés deux cyclotouristes en 8h. Il y a eu un changement de chauffeur à Kristiansand au bout de 4h de route.
Comment pendant tout le voyage, j’avais éteint mon appreil, je voyais parfois le chauffeur parler dans le micro, je ne pouvais de toute façon rien comprendre vu qu’il parlait le norvégien.
Bref, arrivée à Oslo à la nuit tombante vers 22h, je descendais à la gare routière pour reprendre le flixbus à 23h55. J’en profitais pour me dégourdir les jambes et surtout de grignoter. J’étais allé dans un magasin toujours ouvert et j’étais toujours démuni devant la multitude de confiseries et de barres chocolatées. Pour changer un peu, je pris une barre un peu fine, avec un emballage noir appellé Nero. En sortant du magasin, je croquais dedans et tout de suite, un gpût infect envahissait mon palais. J’avalais le morceau avec dégout. C’était genre de la réglisse enrobé de chocolat. Je jetais avec dépit le reste à la poubelle. Pour me débarrasser du goût, j’achetais une valeur sure dans un distributeur : des snikers.
L’heure du départ, je montais dans le bus après avoir montré mes papiers et m’installé au fond du bus. Je m’étais bien équipé pour passer un bon voyage, en éteignant mon appareil auditif et en mettant un masque pour les yeux.
A l’aube, je voulus rallumer mon appareil auditif et là, le drame, rien ! Je serai donc dans le silence complet jusqu’en France.
Lors d’une étape à Copenhague, je pus échanger en anglais avec ma voisine de bus, par écrit sur mon portable. Par la suite, elle me transmettait par écrit les informations, et surtout à Rostock où elle me disait au revoir en tapotant sur son portable. J’ai beaucoup apprécié cette flexbilité.
Nous avons pu avoir un beau soleil tout en traversant le Danemark et sur le ferry pour l’Allemagne
Début de l’Allemagne après le ferry, vers Puttgarden
Changement à Berlin où mon deuxième flixbus a eu 40 mn de retard. Le reste du voyage se passa sans encombres même si je fus reveillé plusieurs fois lors des escales en plein coeur de l’Allemagne.
Fin de journée après être parti de Berlin !
Je pourrai vous avouer que le silence subit me pesait un peu. J’avais finalement de drôles d’acouphènes comme une radio au loin. J’avais l’impression d’entendre une voix feminine qui chantait sans s’arreter sur une seule note, et par derrière, un tenor ! Je n’avais pas de télécommande pour changer la station radio.
Bref, nous fûmes controlés qu’une seule fois, c’était à Belfort, étonnant, non ?
Enfin, j’avais hâte d’arriver sur Lyon.
Si on me pose la question si je me suis bien reposé pendant mes vacances en Norvège. Je vous dirai que non mais j’en ai bien profité.
Mon périple prit donc fin et sans photos pour une fois ! C’est ballot, je sais !
Une question pour vous : Qu’avez-vous le plus apprécié dans mon récit de voyage en Norvège ?