(Texte que j’ai écrit en 2014)
Handicap visible ou invisible ?
Qu’est –ce qui serait plus aisé à vivre ?
Est-ce plus confortable d’être dans un fauteuil roulant et que les gens voient, constatent vraiment votre handicap ?
Ou bien d’avoir un handicap invisible qui vous gêne dans la vie de tous les jours, et que vous devez sans arrêt répéter aux « ignorants le pourquoi du comment ?
Je reconnais que c’est un peu schématique, c’est vite des raccourcis. Notre vécu du handicap est subjectif en fonction de notre histoire, de notre environnement social et familial. Puis tout est question du ressenti du regard de l’autre en fonction de nos fragilités extérieurs ou intérieurs.
Puis nos handicaps ne sont pas comparables.
Nos vécus ne sont pas mesurables.
L’acceptation de notre handicap est tout un chemin avec des joies et obstacles rencontrés.
Je voudrais témoigner mais ce n’est pas simple. Il me faut éviter de me faire griller sur la toile. Mais je tente le coup. Je ne voudrais pas tomber dans la victimisation, ou d’attirer la pitié. Que c’est insoutenable de sentir une pitié venir sur soi. Je voudrais juste être reconnu à ma juste place, à ma juste valeur. Ne pas excuser mes bourdes, mes erreurs parce que j’ai un handicap. Je suis un homme avant tout. Je ne me résume pas à l’handicap que j’ai mais il fait partie malgré tout de mon identité.
Allez, je me lance pour ceux qui ne me connaissent pas. Je suis sourd appareillé. Appareillé que d’une seule oreille. L’autre est foutue. Je suis en mode mono. Je suis appareillé depuis l’âge de deux ans. Grace à l’orthophonie, je peux parler et m’aider de la lecture labiale. Malgré mon audition très limité, je parle très bien. C’est une grande réussite. Mais c’est aussi un inconvénient car les gens qui ne savent pas que je suis sourd, peuvent croire que je suis idiot quand je ne comprends pas ce qu’ils disent. Handicapé de la communication. Merci de ne pas me sortir le refrain classique : « Mais nous sommes tous des handicapés de la communication ». C’est trop facile et ça peut avoir le don d’agacer. Comme mon handicap ne se voit pas, les gens oublient de parler correctement, ou sinon ils me parlent d’une autre pièce ou partent vite. C’est fatiguant parfois de faire rappeler son handicap. Je pourrais oser dire aussi que c’est humiliant.
Alors je souhaite un bon courage pour ceux qui vivent le handicap comme une lourdeur plus ou moins temporaire. Il est aisé de le vivre en fonction de l’environnement social, amical, familial et même professionnel.
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