Un animateur en EHPAD #11 Couloirs et défouloirs

Les couloirs sont mes domaines de jeux, de présences auprès des résidents qui circulent, ou bien ceux qui sont juste au seuil de leur chambre.
Le nombre de fois que je parcours ces couloirs entre les étages, en passant par les escaliers! J’évite les ascenseurs par souci écologique et pour faire du sport 😀
Parfois, quand passent des collègues, je fais une courbette, un geste cordial ou exagéré pour ajouter une touche d’humour selon les humeurs de chacun et leur caractère aussi. Je ne fais pas les mêmes blagues à tout le monde! Je m’adapte. Parfois, je place des mots d’encouragements.
Je chantonne aussi dans les couloirs. Je tente de passer incognito mais avec ma délicatesse légendaire, cela ne marche pas.

Bref, cette semaine, j’ai beaucoup échangé avec certains résidents pour le journal de la résidence qui va paraitre mercredi prochain. C’était sur le thème de l’automne.
J’ai beaucoup apprécié cette phrase entendue d’un résident :
‘J’aime l’automne pour ces couleurs ocres mais je ne l’aime pas car il précède l’hiver que je déteste. »
Une autre personne m’a confié ses souvenirs d’adolescents quand il faisait les vendanges dans le Beaujolais.

Ce jeudi, j’ai pas mal lu des contes de Nouvelle-Zélande avec la Légende du Kiwi. Je pourrai vous la réciter presque par coeur ! Pourquoi presque ? Certains noms d’oiseaux en maori sont un peu dures à dire 😀 genre : Pipiwharauroa ! Je me suis bien amusé à faire plusieurs voix!
En début d’après-midi, j’avais réuni avec succès trois personnes dans un salon et ce fut une réussite en terme de lien social car elles ont pu échanger après même si par moments c’était un dialogue de sourds. (Domaine que je connais très bien !)

Etre animateur dans une EHPAD, c’est vraiment une vocation. On ne peut pas le faire que pour gagner des sous. (Enfin, pour le peu qu’on gagne!). Je dirai même plus quand il s’agit de prendre soin des personnes âgées dépendantes. On se doit être formé, sensibilisé, supervisé pour relire nos pratiques.

Très bonne semaine à vous et à très bientôt

Un animateur en EHPAD #10 Dans la tête d’une résidente

Depuis le temps que je voulais écrire un texte sur ce sujet, c’est fait ! Inspiré bien sûr de ce que j’ai pu observer lors de mes passages dans les chambres en animation. Bonne lecture !

C’est long d’attendre de partir
D’être aux cieux pour voir mon amour sourire.
Mes yeux se ferment chaque nuit
Pour espérer un jour sans bruits.

Entendre une douce éternité
Dans ma chambre, seule à répéter
Mes gestes et mots invisibles.
Je regarde un monde insensible.

Pourquoi suis-je né pour la liberté
Pour bientôt mourir dans la dignité ?
Pourquoi vivre et risquer l’amour
Pour s’éteindre dans la solitude des jours ?

Pourquoi vivre une vie féconde
Et gémir aux dernières secondes ?
Pourquoi avoir appris à grandir
Si ce n’est que pour souffrir ?

Peut-être que c’est dans ma tête
Mais l’invisible me foudroie, s’entête
à revenir par vagues imprévisibles
Tels des orages cévenols, invincibles.

Parfois un doux regard m’apaise
Me berce sans moqueries, sans fadaises.
Oui, je ne suis que grabataire
Et je ne peux que me taire.

Dites-moi, suis-je condamné au silence
Pour subir de la négligence ?
Je voudrais seulement mourir en paix,
Finir de vivre dans le respect.

Copyright Vivien Laplane – Septembre 2020

Un animateur en EHPAD #9 Contrat prolongé, Solitude et impuissance

Comme c’est dit dans le titre, mon contrat a été prolongé. D’un mois, plus exactement. Mon remplacement navigue donc à vue sans possibilité de faire de grands projets. Mais je suis injuste. J’ai pu faire acheter l’application WIVY pour l’établissement. Un kit d’animations et un juke-box/ karaoké sur une tablette, facile à faire en individuelle. Je m’en sers tout le temps maintenant et je suis encore plus disponible pour les résidents. Cela m’évite de perdre du temps à concevoir des animations. J’acquiers une plus grande liberté de présence auprès de résidents qui souffrent de solitude.

Même si la personne a des soins, des services de repas et de toilettes, cela n’est pas suffisant pour elle pour pimenter son quotidien. Parfois la télévision est branchée. Et d’autres chambres, d’autres personnes regardent un mur jonchés de photos de familles (Ou pas). Pas facile de faire face aux personnes qui me confient leur ennui, ou du fait qu’ils ne savent plus où elles sont. Une impuissance peut s’incruster dans notre pratique d’animateur. Quand je peux, je prends un temps d’écoute, d’échanges. Et en fonction de la personne et de la situation, je fais de l’humour. Impuissance aussi quand la personne souffre et attends qu’une infirmière vienne la soulager. Cela fait partie aussi du quotidien. C’est sûr, c’est pas une crèche où ça braille, ça vie, ça joue ! Dans les couloirs, le silence peut devenir pesant. (Des cris peuvent surgir aussi !)

Quand l’inspiration me vient, je pousse une chansonnette !
Et quand j’ai le temps je mets de la musique de guinguette!
Quand je passe furtivement, je marche à pas de loup malicieux
En saluant discrètement, d’un air point irrévérencieux !

Promis, je vous raconterai ce que je fais comme type d’animations la prochaine fois 😀
Très bonne semaine à vous !

Un animateur en EHPAD #3 Créations et improvisations

La semaine dernière, ce fut riche en créativité et en improvisation. En créativité car j’ai accompagné 4 résidentes pour faire de la peinture à partir de 4 tableaux abstraits qu’elles devaient prolonger sur une toile. 
Ce fut amusant comment chacune a posé sa patte malgré quelques réticences : « Je ne sais pas peindre », « J’ai tout oublié » !

Et voici le résultat ! 

Le même jour, le matin, j’avais improvisé un temps de jeu de mémoire avec 5 résidentes qui s’étaient installées dans le couloir.  Je leur ai fait un quizz sur les chanteurs, acteurs et leur faire le lien entre les titres de chansons et leurs interpretes. 
Puis elles ont beaucoup apprécié quand je leur donnais un prénom et qu’elles devaient trouvé des célébrités à partir de ce prénom. Des rires ont fusé dans tout le couloir ! 

Dans mes habitudes qui s’ancrent dans le quotidien, je fais un petit jeu avant le service du repas quand les résidents sont installés autour de leur table : un mini-mémory, un jeu d’observation avec trois verres et un petit objet, un mini-quizz musical avec des extraits de chansons avec mon portable, des vieilles photos de la ville où nous sommes. 

Et comme chaque fin d’après-midi, je rentre dans une base de données interne ce que fais dans la journée et avec qui. 

Lors de cette semaine à venir, je vais utiliser mon balafon, une matinée par étage (y en a trois) ! Hâte d’y jouer et de le faire découvrir! Je vous raconterai tout ça lundi prochain !