Le silence des sourds

Le silence des sourds est très particulier comparé au silence de ceux qui entendent. C’est un néant sonore. Imaginez que vous êtes dans le noir et que vous ne pouvez même pas percevoir la moindre nuance dans l’obscurité. Dans le silence « naturelle », vous et même moi quand j’ai mes appareils, nous pouvons malgré tout percevoir des bruissements. Une certaine sécurité car nous pouvons réagir au moindre son. Nous maitrisons malgré nous l’espace sonore. Quand c’est le silence total, comme quand je n’ai pas mes appareils ou plus de piles, cela peut-être insécurisant. Imaginez que vous êtes dans le bureau avec vos collègues. Vous travaillez avec un bruit ambiant, vous savez où se trouvent vos voisins de travail. Puis d’un seul coup, vous n’entendez plus rien alors que vous voyez bien, le monde continue de tourner. On vous parle mais vous n’entendez rien de rien. Vous voyez tomber une agrafeuse. Pas de bruit. Ne vous sentez-vous pas insécurisé ? N’est-ce pas angoissant ?

Bien sûr, quand je coupe moi-même mes appareils pour avoir du silence complet, c’est autre chose. C’est voulu. En général, je le fais très peu pour rester présent à l’entourage, à l’environnement.

Le monde sonore a un impact immense sur notre perception de ce qui nous entoure comme le monde visuel… bref avec chacun de nos sens.

Comme le silence, nous, les sourds, percevons le bruit autrement. C’est une nuisance sonore qui nous fatigue encore plus car nous essayons de capter des sons qui peuvent avoir du sens pour nous, pour se repérer. C’est comme si vous regarder la télé et que d’un seul coup, l’image se brouille et vous essayez de voir des formes connus. Vos yeux se fatiguent plus vite.

C’est pour cela que nous apprécions de converser avec des amis dans le silence, dans un environnement calme. 

Expressions bruyantes

Des expressions bruyantes

Pour des idées sur les sourds

Qui déforment sans détours

Les images pas vraiment effrayantes.

 

Dialogue de sourds.

C’est pourtant le contraire qui se produit. Deux sourds qui se parlent s’entendent à merveille, à travers des gestes, des regards complices, et pleins d’autres subtilités.

Nous devrions dire «  Dialogue entre un sourd et un entendant » mais forcément c’est plus long. Alors on raccourcit.

 

Sourd comme un pot.

Sympa l’image. C’est un peu comme nous considéré comme des objets. Bien sur que ce sont des expressions et que nous jouons avec les mots mais quand c’est dite par des entendant, cela peut-être énervant. C’est chasse gardée ou alors entre de vrais amis, des gens qui se respectent totalement.

 

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Quand cette phrase est dite face à un sourd, c’est comme gommer l’obstacle et ignorer l’autre dans sa difficulté. C’est parfois exprimé sans l’intention de blesser mais le mal est souvent fait.

 

Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Ah méfiez-vous, on peut ne pas tout entendre mais on peut tout voir !

 

Allez, rions un peu.

« Il ne faut jamais gifler un sourd. Il perd la moitié du plaisir. Il sent la gifle mais il ne l’entend pas. »    Georges Courteline

 

"Au sourd, l'oeil sert d'oreille."   

Il y a bien sur d’autres expressions.

Si vous êtes inspirés, n’hésitez pas à partager !

Témoignage d’un sourd oraliste

Bien que la surdité soit invalidant dans le champ de la communication, cela ne m’empêche pas d’entendre le monde qui m’entoure par les yeux, le toucher et par mon appareil auditif qui marche très bien.
Bien sûr que le fait d’être sourd, c’est difficile de suivre les conversations, de ne pas savoir d’où viennent les voix, d’être vite fatigué lors de longues conversations etc….
Je suis sourd oraliste. Je n’entends rien des deux oreilles sans appareils, mais l’un entend grâce un appareil auditif. Je suis en mode mono pour entendre. Sourd de naissance, je suis appareillé depuis l’âge de 2 ans et je n’ai commencé à parler que vers 5 ans grâce à de l’orthophonie et à un environnement familial très présent.
J’ai eu une scolarité normale sans professeurs spécialisés. J’avais des séances d’orthophonie régulièrement jusqu’à l’âge de 13 ans environ. Je me souviens qu’à l’époque, je devais essayer d’articuler avec un petit bâton métallique entre les dents. Terrible. Mais ça c’est une méthode révolue. Enfin, j’espère. Puis je me souviens que je devais essayer d’entendre mon orthophoniste et la comprendre quand elle était derrière moi. Je détestais ça mais au moins, ça a payé. J’ai une récupération auditive énorme grâce à mon appareil. Je parle très bien et ça ne s’entend pas du tout que je sois sourd. Le théâtre m’a beaucoup aidé à articuler et à poser ma voix. J’en ai fait à partir de la seconde. Quand la fatigue vient me cueillir, ma locution devient brouillonne, assourdissant certains sons comme du je en che etc…
J’ai d’énormes avantages avec ma surdité. Je peux dormir comme un loir sans entendre les ronflements, les bruits de voiture, la musique à fond des voisins. Je peux éteindre mon appareil dans les lieux public tel que le métro quand des bruits sont agaçants. Par contre, je n’éteins jamais quand une personne me parle quand ça me déplait. Par respect, tout simplement.
Pour compenser, j’ai le sens du détail et j’adore faire des photos.
Quand on me parle et que j’entends la moitié des choses, je fais tout le temps des reconstitutions des mots entendus pour essayer de comprendre de ce que vient de me dire la personne.
Ma scolarité s’est très bien passée. Ma surdité ne m’a pas empêché de passer mon bac littéraire, ni ma licence de géographie, ni de passer mon diplôme d’éducateur spécialisé et exercer le métier, de partir vivre en volontariat au Sénégal et enfin, faire ma formation de documentaliste. Rien n’est impossible.
Tout cela grâce aux rencontres de personnes qui ont cru en moi, à ma volonté d’y arriver, à mes lectures, à l’écriture, à l’envie de découvrir le monde et encore plus personnelle, ma foi.
Je souhaite vraiment à chaque personne qui se croit condamné par son handicap à espérer, à rêver et à réaliser ses projets avec des personnes sur qui elle peut compter.
Alors, , ose aller de l’avant, prends des risques ( en te respectant évidemment) et fais toi entourer.

S’afficher handicapé?

J’ai entendu une histoire d’une dame qui demandait un pin’s pour son fils. Un pin’s avec un logo « Sourd » pour bien montrer que son fils est sourd et qu’on arrête de le regarder bizarrement car il ne réagit pas tout de suite, ou bien, il ne comprend pas donc il est idiot.
Est-ce vraiment nécessaire de s’afficher sourd, aveugle, déficient intellectuel, tous les handicaps qui ne sont pas visibles ?
En quoi un pin’s pourrait résoudre un problème de communication ?
Pour moi, cela ferait reculer et un échange n’aurait pas lieu. Tiens, il est sourd, je ne sais pas parler le langage des signes, je passe mon chemin. Il me semble que c’est vite stigmatisant.
Puis le pin’s renfermerait la personne dans son identité dans la surdité etc… Alors que la personne ne se résume pas à cela. Nous sommes tous plus complexes que cela et pleins de richesses en dehors de notre handicap. Oui, il fait partie de notre vie et il est parfois gênant dans certaines situations de la vie. Sinon, nous ne sommes pas « handicapés ». On l’est face aux autres qui sont dans la « norme ».
Alors, s’afficher ? Pas vraiment. Mais informer selon le contexte, oui quand il le faut pour ne pas être dans des situations tendues, difficiles à vivre.
S’afficher, c’est d’avance se mettre une étiquette, se classer alors que nous valons mieux que cela.
Ceux qui pensent le contraire, je serai intéressé de connaitre leur avis !

Handicap visible ou invisible?

Qu’est –ce qui serait plus aisé à vivre ?

Est-ce plus confortable d’être dans un fauteuil roulant et que les gens voient, constatent vraiment votre handicap ?

Ou bien d’avoir un handicap invisible qui vous gêne dans la vie de tous les jours, et que vous devez sans arrêt répéter aux « ignorants le pourquoi du comment ?

Je reconnais que c’est un peu schématique, c’est vite des raccourcis. Notre vécu du handicap est subjectif en fonction de notre histoire, de notre environnement social et familial. Puis tout est question du ressenti du regard de l’autre en fonction de nos fragilités extérieurs ou intérieurs.

Puis nos handicaps ne sont pas comparables.

Nos vécus ne sont pas mesurables.

L’acceptation de notre handicap est tout un chemin avec des joies et obstacles rencontrés.

Je voudrais témoigner mais ce n’est pas simple. Il me faut éviter de me faire griller sur la toile. Mais je tente le coup. Je ne voudrais pas tomber dans la victimisation, ou d’attirer la pitié. Que c’est insoutenable de sentir une pitié venir sur soi. Je voudrais juste être reconnu à ma juste place, à ma juste valeur. Ne pas excuser mes bourdes, mes erreurs parce que j’ai un handicap. Je suis un homme avant tout. Je ne me résume pas à l’handicap que j’ai mais il fait partie malgré tout de mon identité.

Allez, je me lance pour ceux qui ne me connaissent pas. Je suis sourd appareillé. Appareillé que d’une seule oreille. L’autre est foutu. Je suis en mode mono. Je suis appareillé depuis l’âge de deux ans. Grace à l’orthophonie, je peux parler et m’aider de la lecture labiale. Malgré mon audition très limité, je parle très bien. C’est une grande réussite. Mais c’est aussi un inconvénient car les gens qui ne savent pas que je suis sourd, peuvent croire que je suis idiot quand je ne comprends pas ce qu’ils disent. Handicapé de la communication. Merci de ne pas me sortir le refrain classique : «  Mais nous sommes tous des handicapés de la communication ». C’est trop facile et ça peut avoir le don d’agacer. Comme mon handicap se voit pas, les gens oublient de parler correctement, me parler d’une autre pièce ou de parler vite. C’est fatiguant parfois de faire rappeler son handicap. Je pourrais oser dire aussi que c’est humiliant.

 

Alors je souhaite un bon courage pour ceux qui vivent le handicap comme une lourdeur plus ou moins temporaire. Il est aisé de le vivre en fonction de l’environnement social, amical, familial et même professionnel.

 

 

L’humour du sourd

L’humour du sourd, faut l’appréhender, c’est assez spécial quand on ne les fréquente pas assez souvent. Cela peut déranger, être déconcertant ou même très facile et la personne sourde peut être vu comme un simplet. Nous utilisons souvent des jeux de mots tel que des homophones:
Vos et veau, Ver et vert, Bât et bas etc…
Vous m’avez très bien entendu. Hein? 
Plusieurs expressions ressortent souvent:
 » ça va, je ne suis pas sourd »
 » Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd »
Y en a d’autres car hors contexte et hors situation, je ne trouve pas. C’est souvent spontané avec un sens de la dérision. Mais pas trop quand même car sinon, c’est dévalorisant et c’est couillon. 
L’humour est pour moi salvatrice. C’est pour moi un moyen de décoincer l’ambiance, de mettre à l’aise, de mettre en confiance. C’est toujours pour un bien sinon cela devient de la moquerie ou de l’ironie.
Il est vrai, il y a tout types de humour qui ne sont pas apprécié par tout le monde. 
On peut apprécier un certain humour quand nous même nous sommes à l’aise sur un sujet abordé avec le rire, le sourire. 
Je vous souhaite à tous d’avoir de l’humour qui ouvre encore plus à l’amour.

Malentendues

Au son d’un morceau de guitare, je vais vous relater quelques malentendus plus ou moins récent.
Le premier date de 1995, où je devais prendre le TGV ( Orange) d’Avignon pour Paris. J’étais sur le quai X de départ quand je perçus une voix grésillante par haut-parleur. Rien compris. L’heure du départ s’approchait et le TGV n’était pas au quai X. Et là, j’aperçus un TGV sur le quai Y. Je vis un gars prendre une cigarette devant un accès à une voiture. Je lui demandai au loin où allait ce train. Juste au moment où il disait « Paris » avec ses lèvres, sirènes de fermeture et le TGV partit. Grand moment de solitude. Et M… Un peu paniqué, j’avais 14 ans à l’époque. Je dus demander un portable pour téléphoner à ceux qui m’attendaient sur Paris que j’avais raté le train. J’ai du prendre le TGV suivant une heure après. Je suis monté dans une voiture puis j’attendis le contrôleur. Il voulut me verbaliser car mon billet n’était pas valable mais je répliquais: « Désolé monsieur, mais je suis sourd et je n’ai pas entendu l’annonce qui disait que le TGV d’avant avait changé de quai. Rien n’a été fait pour les personnes sourdes. » (J’ai su entre-temps évidement.). Le contrôleur m’avait bien entendu et s’est ravisé en s’excusant. 
Une autre, en 2005, j’étais en cours d’économie et en prenant mes notes, je notais:  » Prostitution ». Je me disais que là il y avait un souci et que mon oreille avait mal réceptionné les mots du prof. Je regardais sur le notes de mon voisin et c’était « Constitution ». Me voilà rassuré avec un petit sourire.
Oui, c’est assez fréquent d’entendre un autre mot tout simplement parce que je fais peu de différence au niveau auditif avec le son D et le B, Le P et le B etc…
Encore plus troublant, c’est de ne pas entendre dans une phrase les petits de mots de liaison qui peuvent tout changer.
Pour ceux qui me connaissent, si vous avez des souvenirs amusantes de quiproquos, je suis preneur car il faut en rire et je ne me souviens pas de tout.
Une phrase que j’aime dire, c’est:  » On a les avantages des inconvénients »:
Effectivement, la nuit, je n’entends pas les tapages nocturnes, ni les ronflements, ni les voitures et même les nourrissons quand nous sommes chez des amis ou en famille. Puis quand je suis dans un lieu bruyant ou quand dans le métro, j’ai mon voisin de voyage qui a une musique forte, j’éteins mon appareil. Mais ça, je ne fais pas souvent car je n’aime pas ne pas entendre dans un lieu public. C’est déconcertant. 
Et voilà, pour les petites histoires.

Le vécu de mon handicap

Dans la suite logique de mes réflexions, je vais aborder mon vécu du handicap.
Et bien, très bien quand les conditions sont optimales. Comme certains le savent, je suis en mode mono, c’est à dire que je n’entends que d’un seul oreille avec un appareil ultra perfectionné. Mon autre oreille est HS. Il m’arrive d’oublier que je suis sourd dans des lieux calmes, où les sons sont doux, agréables et que les voix des personnes se s’entrechoquent pas. 
Le son entre dans mon oreille gauche vide et il est bloqué de l’autre coté par mon oreille appareillé, c’est peut-être pour ça que je vous entends mieux, quand la salle ne résonne pas, quand il n’y pas de bruits parasites et surtout si la fréquence de votre voix est agréable.
Pour certains qui me connaissent, j’utilise souvent l’humour lié à ma surdité et je joue aussi sur les homophones, jeux de mots souvent utilisés chez les personnes sourdes. 
Il m’arrive de me trouver dans des situations où je prends de plein fouet mon handicap quand je suis interpellé dans la rue. Je mets du temps à saisir les premiers morts car mes neurones n’ont pas encore été connecté. Souvent, on me prends pour un demeuré et c’est très désagréable car je ne comprends pas du premier coup. Comment comprendre quand on entend une partie d’une phrase:  » Pardon…m… Où…. Part-Dieu ». Là, c’est facile parce que j’ai entendu les mots clés mais as t-il demandé comment aller avec un type de transport spécifique?
Bref, La question de mon vécu du handicap se pose aussi en groupe. Là, c’est une autre paire de manches quand il y a plusieurs conversations ensemble, et surtout quand des blagues fusent et que tout le monde rie sauf moi. Pour ne pas me différencier, je ris avec eux même si je n’ai rien compris. 
Le plus terrible, c’est quand j’essaye d’engager une conversation mais qu’entre-temps, je n’ai pas entendu une petite voix qui amorçait un autre sujet. Je tombe à coté de la plaque. Imaginez le malaise comme une crêpe qui reste collé au plafond et retombe mollement sur le carrelage. 
Depuis des années, j’ai du mené un combat entre le monde sourd et le monde des entendants. Car des sourds signants considéraient que j’étais pas sourd puisque je parlais et chez les entendants, j’étais considéré comme une personne un peu simplet car je ne saisissais pas tout de suite. 
Essayez de comprendre la radio FM quand la fréquence passe mal et grésille!
Je pourrai continuer à vous en parler pendant des heures car je considère que j’ai une chance inouie de m’être intégré même si c’est parfois douloureux.
Merci aux orthophonistes durant mon enfance. Merci à des adultes qui ont cru en moi. Puis j’avais en moi aussi une force de vie et je l’ai toujours une immense envie de rayonner et témoigner que vivre est possible malgré ma surdité. 
Ce que je déteste pardessus tout, c’est de cautionner mes erreurs, mes incompréhensions parce que je suis sourd:  » Le pauvre, ne lui disons rien, c’est déjà dur pour lui ». Bein non, c’est pas comme ça que ça marche. On ne me reconnait pas en tant que personne et toute personne handicapé ou pas doit être mis à sa juste place et ne pas être dans le panier de la pitié et de la compassion à outrance. 
Si je parle fort sans m’en rendre compte, merci de me dire de parler moins fort.
Si je m’emmêle dans les explications, n’hésitez pas à dire:  » Vivien, je n’ai pas compris ». Sinon, je sens tout de suite que vous me prenez pour un demeuré. 
Ouh là, j’ai pas mal écris!
Je continuerai demain pour vous laisser reposer les yeux ou les oreilles!

Face au Handicap

Parlons aujourd’hui du handicap.
Pitié, pas de:  » Nous avons tous un handicap! ». C’est une phrase à tout va et qui ne veut rien dire.
Le vécu du handicap est très subjective selon les histoires de chacun, de son environnement, de son éducation et bien sur de la société. 
Il y a des handicaps plus au moins visibles. Je sais, le mot « handicap » peut mettre mal à l’aise. Voulez-vous qu’on parle de déficience? 
Je voulais vous partager les forces que nous pouvons avoir malgré les déficiences. Ces forces surgissent bien sur selon les personnes et comment ces personnes les ont mis à contribution et comment ils ont été accompagnés. 
Ces forces, c’est la compensation du handicap.
Par exemple, pour un aveugle, il peut énormément développer le toucher, le ressenti de l’environnement plus que les voyants. Un sourd peut plus développer le sens de l’observation, le sens de l’esthétique. 
A quel moment je peux dire:  » Je suis une personne ayant un handicap ». Certains le sont mais ne se considèrent pas comme handicapés, déficients ». Et pourtant, dans la vie quotidienne, ils sont face à leur handicap dans des situations gênantes. 
En fait, ce n’est pas le handicap qui est gênant, c’est une certaine situation qui nous met en difficulté et le regard qui est porté sur nous. Bon, ok, je m’y mets un peu mais à un certain niveau.

Comment sommes-nous face au handicap?
Tout dépend de notre vécu, de nos expériences, de notre capacité à prendre de la distance face au malaise face à la différence.
Pour ma part, il ne faut pas différencier l’handicap avec le caractère de la personne car nous risquons de nier son handicap. C’est juste mettre la personne à sa juste place.
Il me semble important de voir que la personne est un tout comme une maison avec des fondements, des murs avec à l’intérieur, une ambiance subtile établie selon chacun. Nous pourrions dire que l’handicap, c’est qu’il manque un toit, ou bien il n’y pas de cuisine, il n’y pas d’eau courante ou pas de ligne téléphonique. Alors on trouve des solutions pour adapter selon les besoins de chaque maison. 
Je pourrai dire que ma maison est garni de portes vitrées, un grand salon pour accueillir pleins de monde, pleins de cartes et de photos qui ornent les murs mais la ligne téléphonique passe très mal et il y a une très mauvaise isolation sonore. Inutile de crier, les grésillements, les résonances se feront pire. Alors on se déplace pour être face à face. 
Donc pour ceux qui n’auront pas compris, quand un sourd/malentendant vous demande de répéter, pitié, ne parlez pas plus fort, c’est très désagréable. 
C’est comme si on augmentait la luminosité de la télévision auprès d’un aveugle! Très irritant, non?
Il est important de mettre des mots et de ne pas projeter sur ce que l’autre pourrait penser à travers ce que l’on fait, ce que l’ont dit. Soyons plus plus simples, plus vrais!
Je ne te demande pas d’être sourd avec moi mais simplement toi tel que tu es avec moi.