Complètement seul. Il a envie de crever sur son banc.
Il lorgne les couples, des groupes d’amis éclatant de rire
Passant non loin de lui, ignorant ce qu’il est.
Dans sa piaule, il se gèle à cause des trous dans les murs.
Gaspard a coupé les ponts avec sa famille. Il est en colère.
En colère contre le monde surtout contre sa maladie qui le ronge.
Plus de boulot. Plus de droits. Des dettes à n’en plus finir.
Il fuit les associations pour ne pas voir des pitiés, de la mièvrerie.
Il marche souvent sur les berges du Rhône où l’eau semble l’appeler.
C’est ainsi qu’un soir, il tombe à l’eau. Il ne sait pas nager.
Ses vêtements encrassés l’emmènent vers le fond. Il se laisse aller.
Puis soudain, il sent qu’on le ramène à la surface. Il se débat.
On lui parle mais il hurle de colère. Une gifle le secoue sec.
Désorienté, il entend une voix cingler sa tête :
« Ce jeune a risqué sa vie pour vous sortir de là ».
En ouvrant bien ses yeux, il aperçoit un jeune au teint marron
Et aux yeux bleus, complètement trempé.
Il est surpris par son regard. Un regard non jugeur, juste surpris.
Il entend des sirènes. Des voix s’approcher.
Il se sent pris dans un tourbillon de honte. Une émotion jamais connue.
Une autre traverse son esprit. De la reconnaissance.
Sa colère a complètement disparu dans les profondeurs du Rhône.
Son sauveteur s’approche de lui : « Bon courage. Je suis avec vous. Je m’appelle Khalid ».
Gaspard murmure son prénom et bredouille de confusion.
On l’allonge sur une civière après l’avoir débarrassé de vêtements inutiles, trempés.
Une couverture de survie l’enveloppe.
Khalid était encore là ainsi que le gars qui l’avait engueulé.
Le Samu l’emmène à l’hôpital.
Hospitalisation. Prise en charge. Une infirmière prend soin de lui.
Le lendemain, Khalid est venu le visiter.
Des amis de ce dernier sont aussi venus.
Echanges interminables.
Puis il est sorti et a été accueilli dans la famille de Khalid.
Une énorme solidarité. Il se sent revivre.
Ils sont même venus retaper son appartement.
Son corps lui fait moins mal et repense à sa femme
Qui l’a quitté y a deux ans.
Il se souvient de son numéro de portable.
Il emprunte le téléphone de Khalid.
Retrouvailles. Un autre type de relation.
Une communication plus juste et vraie.
Les liens se solidifient. Il a envie de se battre
Pour sa femme et ses nouveaux amis.
6 mois après, il a trouvé un boulot de magasinier.
Un pur bonheur. Il en est fier.
Il sait que rien n’est plus important que de garder de bonnes relations.
De rester en lien, d’être connecté à ce qui fait sens à sa vie.
garder le lien, rien n’est plus vrai, vivien…..et, paradoxalement, on a besoin d’expérimenter la solitude pour appréhender, apprécier, mesurer le lien………
ton texte, une utopie heureuse, fait chaud au cœur et distille de l’espoir
j’aime bcp 🙂
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J’adore ton conte, il est criant de vérité et de compassion. Merci Vivien 🙂
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Avec plaisir. Belle soirée à toi! 🙂
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