Priorité à droite? A gauche?

Priorité à droite ? D’où vient cette règle ?

Priorité à gauche ? Serait-ce une infamie ?

Quelle priorité choisir loin de l’accalmie ?

Que de paroles en vain, fades comme le seigle.

Serions-nous bien ivre d’argent et de compétition ?

Sachons revenir à l’essentiel, à ce qui fait l’homme.

Sachons devenir plus sage léger en quantité d’ohm.

Prenons le temps de relire, le temps de la digestion.

Assez de discours pompeux comme la valse du Danube.

De l’action, pas de la réaction primaire qui nous entube

Et déplace les problèmes de fond, et aveugle les sourds.

 

Quelles priorités dont-on regarder entre l’urgence

Et ce que nous devons faire à moyen et long terme ?

Sachons nous préserver et accomplir nos projets de manière efficace et bien.

Nos vieux

Nos vieux, si tout se passe bien, nous serons comme eux.

Nos vieux sont nos histoires singulières, particulières, uniques.

Nos vieux sont des jeunes qui ont eu des idéaux, des rêves, des passions.

Nos vieux sont nos mémoires, nos vies remplies de souffrance et de joie.

Dans un village de la brousse sénégalaise, un vieux couple enlèvent la coque des arachides pour nourrir leur entourage.

Dans nos contrées françaises, un vieux couple sont seuls dans une maison, regardant hagard un ciel pluvieux.

Au coin du feu, autour des jeunes et des adultes, une vieille dame leur raconte une histoire. Pas de murmures et de ricanements brisent l’aura de la conteuse.

Chez nous, la grand-mère est déjà dans sa chambre loin du brouhaha de sa famille, qui se chamaille, l’ont mis à l’écart parce qu’elle radote.

Au pied d’un immense manguier, sur une natte, sont assis des vieux en silence avec fierté. Des gens du village viennent les consulter pour des conseils de récolte, d’éducation de leurs enfants.

Dans les maisons de retraite, ils sont parqués dans un salon, figés comme des statues en attendant le repas.

Mes vieux, mes grands-parents,  sont morts et j’aurai tant bien aimé parler avec eux, connaître encore plus leurs vies, qu’ils se réjouissent de ce que nous vivons, qu’ils nous accompagnent dans nos épreuves avec confiance et espérance.

Quelle relation avons-nous avec nos vieux ? Quel lien, quel regard avons-nous envers eux ?

Mettons-nous à leur place.

Comment j’aurai aimé qu’on s’occupe de moi ? De quelle manière pourrait me respecter dans ma dignité, ma liberté malgré mes dépendances ?

Comment j’aurai aimé qu’on me voie, qu’on me considère, qu’on me reconnaisse ?

Ils sont toujours des adultes, des individus qui méritent de la bienveillance, de la douceur, de la tendresse même s’ils nous renvoient des choses difficiles dus à leur âge. Ne les enfermons pas dans leurs pathologies, dans leurs maladies etc…

Ils ont chacun leur place dans la société à leur manière.

Que je vous rassure, chez nous, je connais des maisons de retraite qui respecte chaque personne âgée, une volonté de l’intégrer et de lui laisser une place en toute liberté.

Donnons-leur la possibilité de continuer à vivre dans une ambiance de joie, de sérénité, de créativité malgré les douleurs, les souffrances.

Nos vieux, que leurs fins de vies soient la meilleure possible.

 

 

( Texte écrit en avril 2013. Copyright VL.)

Requiem pour un délinquant

Rien à faire ce soir

Où mes idées sont noires

De colère, de vengeance.

Crier contre l’engeance

Policière, je voudrais.

Je suis à peine saupoudré

Du regard des gens d’ailleurs.

Ils me regardent comme un violeur

De leur intimité, de leur puissance.

Pour eux, je suis un bon à rien.

Pour eux, ma vie n’a pas de sens.

Je ne suis qu’un voyou, un vaurien.

Alors je m’en vais jubiler dans la nuit

Défier les forces de l’ordre, les interdits.

Je guette pour les dealers hors des taudis.

Je mens à ma famille pour défier l’ennui

Et le gout de l’adrénaline monte en moi.

Faire tout pour se faire accepter et respecter

En volant, en prenant des risques sans émoi.

Quand revient la loi, tout me fait débecter.

Je fonce sans réfléchir pour ne pas mourir

De honte. Jamais je ne voudrais férir.

Pourquoi suis-je comme ça, en galère ?

On ne veut pas m’écouter, ni me comprendre.

Les gens croient que j’aime me faire prendre

Et de se faire remarquer, de faire le grand fier.

Je voudrais pourtant, au fond de moi

Qu’on me donne un coup de pied au cul

Et qu’on me réveille pour éviter d’être vaincu

Par la drogue, la violence et l’alcool

Alors quoi ? Pourquoi nous sacrifier ?

Nous les jeunes de lointains quartiers ?

Cantate d’un taulard

Répression

Condamnation

Détention.

Humiliation.

 

Déshumanisation.

 

Des années s’écoulent, je suis un taulard.

Mon cœur devient dur comme la prison,

Lieu de violences, d’injures et de molards.

Ma peau est imbibée des mortes saisons

Où la haine me fouette en plein visage

Au soleil des promenades de corruptions.

J’ai des frères de cellule en éruption

De colère envers la justice et leurs rouages.

 

Dans les couloirs, se complotent des délations

Ou bien des évasions, de mutineries sans sommation.

J’ai parcouru la France menotté,

De la Centrale à la Santé,

 

Ma liberté est toute dérisoire et précaire.

Quand je sortirai, quel homme je serais ?

 

Rage.

Engrenage

Lente Récidive.

Infraction maladive.

 

Alors qui acceptera d’aimer un homme blessé ?

Un homme au tempérament fougueux et cassé ?

Qui me regardera sans me juger et me jauger ?

Qui me tendra la main avec confiance sans danger ?

 

( Inspiré du livre:  » Prison, des rats et des hommes » de Maurice Marchal, et auteur rencontré hier sur une place de Lyon )