En tant qu’éducateur spécialisé, on pourrait ne pas imaginer faire la toilette à ceux que nous accompagnons. « Surtout pas, c’est le rôle des AMP ou des aides-soignants ».
Et pourtant, quand nous travaillons dans un foyer de vie, dans un internat, nous sommes plus amenés à faire les toilettes ou à les accompagner dans leurs gestes pour se laver.
Il est vrai qu’au début, cela peut paraitre rebutant et pourtant c’est un acte essentiel de la vie quotidienne : la propreté et le bien-être. Puis c’est le premier contact dans la journée entre l’accompagnant et le résident. Cela permet de tisser un lien avec la personne, dans la délicatesse du soin et de l’écoute dans ses besoins.
Instant culture : le mot Toilette vient du latin « Texere, textus » qui signifie « tisser » De tellette (toile), fin 14ème siècle, ce mot désignait une petite pièce de toile qui servait à envelopper la marchandise. (Source : Sociodoc)
Etre à l’écoute de ses postures agréables ou pas, être dans la méthode pour amener le résident à vivre la toilette le plus sereinement possible. Enfin, facile à dire que de faire pour certains résidents. Les premières fois, j’ai été maladroit comme tout apprenant et en même temps, je prenais le temps de rassurer, de lui parler et de veiller que tout se passe bien.
Lors des habillages, ces derniers jours avec certains, j’ai amené de l’humour ce qui a a été très apprécié car se dévoiler tout nu et se laisser manipuler, ce n’est jamais simple. Même si pour certains, c’est habituel.
– M’enfin Vivien, arrêtes un peu, c’est tellement évident !
Hélas, pas pour certains, en discutant avec une collègue aide-soignante, elle me partageait que des éducateurs , éducatrices refusaient de « mettre la main à la m »..euh à la pâte. « Chacun devait tenir son rôle ».
Et bien non, hier et aujourd’hui par exemple, nous étions un aide-soignant, une maitresse de maison et moi, éduc spé, pour s’ccuper des toilettes de 9 résidents. Pour certaines personnes, c’était nécessaire que nous soyons deux pour des cas lourds. D’une pour éviter de se faire mal au dos, et de deux, on risque de faire moins d’erreurs. Attention, toujours avec l’accord de la personne. Je me souviens d’avoir demandé à une jeune de choisir qui ferait la toilette. Toujours important que sa parole puisse être respecté le plus possible. C’est évident mais parfois des accompagnants l’oublient et tombent dans la routine, avec des gestes mécaniques jumelés avec la fatigue, oubliant de mettre de la tendresse malgré tout.
Pour ma part, je trouve que c’est un bon moyen de travailler en équipe quand il le faut, et cela peut permettre aux résidents d’être rassuré sur une bonne ambiance qui pourrait régner au sein d’une équipe (quand il y en a!). Cela peut sécuriser la personne d’évoluer dans un cadre sain.
Dans le référentiel du diplôme d’éducateur spécialisé, certaines compétences sont en lien direct avec les toilettes: Instaurer une relation et favoriser la construction de l’identité et le développement des capacités
Et oui, permettre à la personne de réapproprier son corps, de faire les gestes appropriés l’amenant à être propre pour lui-même et les autres.
J’avoue que parfois, avec la fatigue, on essaie d’être le plus pragmatique possible et le plus efficace. Mais quels sont nos priorités ? Quels moyens avons-nous à disposition pour accompagner la personne le plus sereinement possible ?
A vos claviers et témoignages ! Sans tabous !
Tu fais un travail formidable ! Être dans l’écoute, le respect, la gentillesse avec un peu d’humour et de tendresse pour ces personnes en difficulté. Je pense que c’est difficile et que chaque cas est différent. Chacun réagit avec sa propre personnalité, son humeur, sa souffrance, et les intervenants doivent s’adapter à chaque instant.
J’ai eu l’occasion de travailler avec des ados en grande difficulté scolaire et familiale. Il fallait se réadapter à chaque instant, déceler leurs souffrances et trouver des solutions pour les faire assister aux cours dans le calme. Même en petite structure, ce n’était pas facile mais j’ai appris beaucoup pendant cette période.
Belle journée à toi 🌞
J’aimeAimé par 1 personne
je n’avais pas encore lu ce billet et je vois qu’il y a pas vraiment de retours….s’agit-il de pudeur quand il est question de l’intime des corps?
comme toi, j’ai (fait) aidé à la toilette pendant les 28 ans de ma carrière et en tant qu’éduc spé aussi
il est certain que nos résidents avaient des préférences concernant la personne qui devait s’occuper d’eux car chaque approche est différente
pour ma part, j’étais toujours beaucoup remerciée car je prenais mon temps, c’était une priorité pour moi malgré le timing serré
c’est un temps très important dans la vie d’une personne, qui plus est quand elle est dépendante
pour moi prendre le temps, c’est notamment laisser à la personne la possibilité de faire par elle-même le plus souvent possible en guidant ses gestes….c’est la rendre un tant soit peu ‘actrice’ et ainsi valoriser à la fois le geste posé mais aussi le corps, quel que soit *l’état* de ce corps
il y a un tel culte du corps parfait! or, le corps, quel qu’il soit, est notre véhicule et il convient de l’honorer me semble-t-il
je pense avoir contribué à réconcilier quelques résident(e)s avec leur corps par le biais de la toilette, même si ma hiérarchie (ou certains collègues 😉 ) n’était pas d’accord sur le temps que ça me prenait
j’ai toujours essayé d’agir en mon âme et conscience et c’est avec juste un grand sourire que je répondais aux remarques qu’on me faisait (se justifier ne sert à rien, je l’ai vite compris 😉 )
ce métier n’est pas facile car nous n’avons pas les mêmes ‘codes’ que les infirmiers, infirmières, AS où les toilettes vont de soi….pour les éducs, tout est à inventer au cas par cas, au jour le jour (ça pourrait aussi être à inventer dans les hôpitaux mais c’est ‘ritualisé’ en quelque sorte et puis il y a le ‘timing’! 🙂 )
voilà ma contribution et on peut encore approfondir bien sûr 🙂
J’aimeAimé par 1 personne