Eliot est doux comme un agneau
Parfois il devient gigot.
Quand il est à l’école,
Il s’écrase et encaisse les railleries.
Il essaie d’ignorer les moqueries.
Ses bras lui font mal, brûlent.
Parfois il respire rapidement
Et sa poitrine est compressée comme un citron.
Il bouillonne au fond de lui mais veut tout garder.
Il bloque ses larmes pour ne pas faillir.
Sa tête lui fait un mal de crâne.
Son entourage ne le remarque même pas.
Il semble gentil, doux, tendre, discret.
Pas de quoi fouetter une mouche.
Mais un soir, ce fut le mot de trop.
Dans sa chambre, il ressasse la scène,
Les insultes des grands à la sortie de l’école
Puis une idée germe en lui. Diabolique.
Il fronce ses sourcils et un rictus lui vient.
Cela lui fait peur mais cela peut valoir le coup.
Il a hâte d’être demain. Il imagine un scénario.
Il se lève, prends son petit-déjeuner et part à l’école,
Sans dire au revoir à ses parents.
Sur la route, il prend un caillou, même deux.
Arrivé dans la cour, discrètement,
Il balance le caillou dans la tête du surveillant.
Il accuse ses harceleurs. Ils crient leur innocence. Pour une fois.
Ces derniers sont envoyés chez le directeur.
Eliot jubile à l’intérieur de lui-même.
Dans la queue pour aller en classe, il pique un stylo
Qui dépassait d’une poche d’une camarade.
Ni vu ni connu, il plante le stylo dans le dos d’une fille.
Cris de douleurs. Eliot se jette sur un autre de ses harceleurs,
Et l’accuse d’avoir blessé sa voisine.
Comme l’innocent est connu pour ses bêtises,
Il n’y eut aucun doute chez le professeur qui les emmenait en classe.
Renvoyé chez le directeur, le jeune injustement accusé.
On remercia Eliot d’avoir démasqué le coupable.
Au fil de la matinée, Il ne fait rien de spécial.
Il attend d’accomplir sa vengeance au self.
Il n’a jamais ressenti une telle puissance
A faire du mal autour de lui. C’est si facile.
Enfin l’heure du repas. Prise du plateau et des couverts.
Il se sert pour le dessert et l’entrée.
On lui donne une assiette d’omelette et d’épinards.
Puis comme d’habitude, il se met seul à une table.
Sans que personne ne le voie, il met son couteau dans sa poche
Puis se lève pour aller aux toilettes.
En fait, il fait semblant d’y aller car il se rue dans une pièce interdite.
Une vanne de gaz. Il l’ouvre. Un gros souffle part dans l’obscurité.
Il sort son couteau et tente de faire une étincelle.
Une torpeur lui vient et s’évanouit.
Une main le secoue.
Il se réveille. Sur son lit. Tout habillé.
Il s’était endormi.
Sa mère s’inquiète et lui pose des questions.
Eliot se confie. Non, il ne peut pas devenir un monstre.
Il y a toujours une autre solution pour éviter la violence.
Il décide de ne plus être gentil mais d’être vrai.
Mais il sait que cela prendra du temps.
Au fil de ses confidences, sa mère le rassure
Et lui apporte tout son soutien.
La parole libère. Les actes viendront après un discernement,
Après des discussions dans une ambiance plus apaisée.
Jamais décider sous le coup de la colère ou de la jubilation extrême.
Eliot repars à l’école plus confiant pour la suite.