(Fiction inspirés de faits réels. Où les rôles sont inversés. Là, la France est en guerre et le Ghana est un pays industrialisé bien loti).
C’est pourri. Un merveilleux pourri mais pourri quand même. Je suis même dans la merde la plus complète. J’ai pourtant quitté mon pays pour un monde meilleur. Enfin, je l’espérais. J’ai galéré, souffert mais aucune récompense de mes efforts. J’en ai eu un tout petit peu. Mais de la poudre aux yeux. Je suis d’origine d’une banlieue française où j’ai du fuir la violence et la haine. Mais ça, je ne l’ai pas trop raconté à ceux qui m’ont accueilli ici. Ici, au Ghana où tout me semblait facile par les médias en France. Je baragouine un peu la langue du pays mais je ne dis pas d’où je viens. Il risquerait de me renvoyer chez moi, où je me ferai tuer à l’arrivée. Mais ça ils ne comprennent pas. Surtout ils ne veulent pas me croire. J’ai une carte d’identité mais ils disent que c’est un faux. Le pire, c’est qu’ils me font douter. Mais non, je m’appelle bien Dylan Capritain et j’ai 15 ans. Pour eux, j’ai bientôt 18 ans. A croire qu’ils cherchent un prétexte pour me mettre à la rue. Je ne demande qu’une chose, servir à quelque chose, être utile et m’en sortir. Heureusement, je suis dans un foyer où les éducateurs se démènent à fond. Je ressens leurs impuissances car les politiques nous baladent de droite à gauche, et de plus en plus bas. Et tout ce que j’ai enduré ? Je ne peux qu’en parler au chat du foyer. Enfin, j’exagère un peu. J’ai déjà raconté mon histoire aux éducs, à mes potes mais ils ont du mal à écouter. C’est tellement énorme, invraisemblable. Surtout ma traversée de la méditerranée et du désert pour arriver jusqu’au Ghana.
Le plus dur, c’est d’être accusé de tous les maux alors que je n’ai rien fait. Un vol au foyer ? Tout de suite, on me soupçonne. Un tag injuriant sur le mur de mon lycée. On me regarde de travers. Quand je vais dans le bus, je sens mes voisins tenir leurs poches et être méfiant.
Bref, avec ma gueule d’étranger, je n’inspire pas confiance. Un blanc parmi les noirs, ça fait tache. Et pourtant, je ne suis pas complètement blanc. Je suis bronzé par ma mère. Mais ça, ils ne l’entendent pas. Alors, j’essaie malgré tout de monter le meilleur de moi-même malgré des angoisses qui me prennent la gorge et la poitrine, la nuit. Parait que je fais une mauvaise tête le matin. Je ne dis pas à mes voisins d’infortune du foyer que je rêve toujours la même chose. Le cauchemar qui a précipité mon départ de France. La colère que j’ai ressenti et une énorme tristesse. Mais ça, peuvent-ils le comprendre. Heureusement, j’arrive à écrire sur mon cahier de brouillon que je cache dans mes affaires, dans une petite malle fermée à clé. On m’a donné la possibilité de protéger mes secrets. Au moins, c’est un point positif.
( A suivre…)