Souvenirs d’un éduc : « Le mimétisme inconscient »

Parfois, je me suis surpris à marcher comme les jeunes que j’accompagnais. En prenant conscience, je riais intérieurement. Encore mieux, je reproduisai des accents d’adultes dans un foyer de vie. Parfois, mes proches me disaient : « Euh, Vivien, c’est toi ? ». Ah non, désolé, c’est une erreur. Identification à l’autre un peu étrange. Cela fait bizarre de prendre conscience sur le coup des démarches identiques à ceux que tu accompagne. Comme un jeune atteint d’autisme, sautillant dans le couloir. Pourtant je ne suis pas ce Howard Butten, ce gars qui imitait les « autistes » pour mieux les rejoindre, mieux les comprendre. On croit parfois devenir fou. Puis on se rassure. Non, non, tout va bien. Je suis sain d’esprit.

Cela fait 4 ans maintenant que je n’exerce plus ce métier mais certains comportements ou expressions me restent en mémoire :

  • Où est ma bibiche ? (accent portugais,  rajouté d’un gonflement des joues qui appuie les B,  d’un adulte recherchant sa dulcinée en foyer de vie)
  • C’est dour la vie ! (Une jeune de 7 ans qui n’arrivait pas à rester en place et qui répétait cette expression au moins 5 fois minimum par jour)
  • Un jeune « autiste » qui faisait du puzzle à longueur de journée (5000 pièces minimum). Dès qu’on s’approchait de lui, il foutait des coups.
  • Marche en canard d’une ado atteint de trisomie.

Y en a pleins d’autres bien sur vue la diversité des personnes que j’ai côtoyée dans des  ITEP, Foyer de vie, IME, prévention spécialisée.

Alors, cela ne vous arrive jamais de reproduire inconsciemment ceux que vous accompagnez ?