(Fiction inspirés de faits réels. Où les rôles sont inversés)
Sans déconner. J’y crois pas. Tout ça parce que j’ai épaté mon lycée en leur jouant Anowa d’Ama Ata Aidoo*. Le directeur est venu me voir pour me dire que je faisais honneur aux Ghanéens avec cette pièce de théâtre se basant sur une légende du Ghana. Au foyer, je suis devenu un héros. J’avoue que cela me fait bizarre. Un homme bien sapé est venu voir les éducateurs et ont demandé s’il ne pouvait pas m’adopter. Et cet homme, je l’ai reconnu. C’est l’un des plus grands écrivains reconnus dans le pays. Tout s’est passé très vite. Même trop. Pourquoi moi ? Et pas les autres ?
Mais je n’as pas le choix et je ne me plains pas. Après des jours de procédures administratifs et judiciaires, je monte dans sa belle Mercédès rutilante. Sa maison est dans le Quartier Cantonments* où se trouvent la plupart des ambassades à Accra.
Ce qui est fou, cet homme, croit à mon histoire et il m’invite à l’écrire. Alors, oui, j’ai pu lui raconter le meurtre de mes parents par le Front National. Le rasage du quartier avec l’église où je m’étais réfugié. Ma fuite dans un camion jusqu’à Marseille. La traversée de la méditerranée dans une barque où nous étions 120 personnes. Le naufrage où j’étais l’un des rares survivants sur les côtes de l’Algérie. Puis ma traversée du désert dans un pick-up avec 15 autres personnes. L’attaque par des bandits près de la frontière ghanéenne où j’ai été laissé pour mort. Puis ma marche insensée à travers le parc national de Mole* où j’ai du affronter ma peur d’être attaqué par des lions ou chargé par des éléphants. Puis d’avoir été recueilli dans un dispensaire à Tamale*.
Cet homme s’appelle Modagun Olppe Ata.
Grâce à lui, je vais pouvoir essayer de faire changer le regard sur les mineurs étrangers isolés. Que chacun d’eux comme moi, nous pouvons être utile et faire grandir notre quartier, notre ville.
Alors, je continuerai toujours à me battre.
FIN
*Nom authentique