Il est 16h30. Le vent souffle fort au fond de la vallée. Je m’engage dans la cour jonchée de détritus entourés d’immenses cathédrales de fer rouillés. Un panneau m’indique : « Prohibido de pasar ». Je sais bien que c’est interdit. Cela peut être dangereux. La commune ne sera pas responsable si j’ai un accident. Je prends quand même le risque. J’y vais excité avec une pointe d’appréhension. J’arme mon appareil photo et je m’enfonce dans les entrailles de l’usine abandonnée. Enfin, les entrailles, pas vraiment, tout est ouvert avec le toit à une dizaine de mètres de haut. Plus ? Je ne sais pas, je n’ai pas mon mètre. J’aperçois des pièces délabrées. Je shoote. Je me penche ou je m’agenouille pour expérimenter des angles de vues. Soudain, j’entends des bruits de fer. Ma respiration devient plus profonde. Personne à l’horizon. Ce n’est que le vent. Je contourne des vieilles machines rouillés quand soudain, je sens un souffle glacial sur ma nuque. Je me retourne. Rien. Ce n’est peut-être que le fruit de mon imagination. Bon, j’arrête de me faire peur et je continue mon expédition. Je passe le seuil d’un autre hangar. Des vitres brisées. Des amoncellements de bouteilles pleines recouverts de journaux mouillés. Etrange ! Je shoote. Je zoome. Je m’approche pour essayer de percevoir une étrange bouteille. Une couleur violacée tournant vers le vert. Je déglutit et repart vers un escalier. Je le gravis pour atterrir à des bureaux. Et là, je vois furtivement une silhouette qui disparait à travers les murs. Un cri sourd retentit. Un frisson me parcourt et mon cœur s’emballe. Une porte claque. Mes mains tremblent. En fait, je tremble de partout. Je sue carrément. Je sors de la pièce pour courir hors de l’usine. A peine arrivé dans l’immense vaisseau de fer, un énorme morceau de ferraille se fracasse juste devant moi. C’était une vieille cheminée rouillée. Je ris nerveusement. Le cri ? C’était peut-être une dernière rafale qui s’est engouffré dans la cheminée. Toutefois, je n’ai plus envie de trainer. Mon expédition devient délicatement dangereuse. Mon urbex prend fin. Au moins, j’ai réussi à prendre quelques photos. Je m’éloigne de l’usine qui semble me dire au revoir. Je jette un coup d’œil et à travers une vitre brisée, il me semble apercevoir un visage blafard, souriant et triste à la fois.
Arrivé à la maison, je développe mes photos. Et à ma grande surprise, je vois des gens travailler dans une usine en activité. J’ai pris des visages sans le savoir dont un me regardait avec un air ravi.Sur ma dernière photo, j’avais pris l’escalier menant vers le bureau. Sur l’escalier, se trouvait un gars qui me regardait d’un air fier. Il semble me dire : « Reviens, ne nous oublie pas ».
PS: Fiction tirée d’une de mes vraies expéditions.
