Peu importe
La révolution est en route.
Mais laquelle ?
Boris ne sait pas encore.
Mais il se tient prêt avec son drapeau,
Sur la place du village déserte.
Il arbore fièrement son écharpe jaune et bleu.
Les couleurs de son doux comté.
Il se met en garde à vous
Au milieu des feuilles mortes
Qui chatouillent ses godasses en cuir usé.
Son casque en métal chante au gré du vent.
Boris observe la rue vide, droit devant lui.
Au loin, il devine le château-d ‘eau grisâtre.
Il prend sa respiration pour répondre au moindre appel.
Il attend dans le silence à jamais endormi dans son contrée.
Puis d’un seul coup, c’est la charge.
De multitudes silhouettes s’élèvent des murs.
Un son de cor envahit la place de plein fouet.
Boris s’élance en s’époumonant, brandissant son drapeau.
C’est une vraie cohue qui s’installe dans le village à flanc de falaise.
Des blocs de rochers se brisent en milles plumes
Et inondent la place. Pure folie de la nature.
C’est la révolution des rêves et des illusions.
Boris se bat contre une ombre aux multiples visages.
Avec bravoure, il se dresse fièrement contre l’ennemi
Juché sur une plume d’acier et d’ébène.
Puis il attrape au vol un magnifique ballon de rugby d’or,
Et le transforme en un superbe essai d’argent.
C’est la lutte finale. Il crie victoire.
Un coq chante, rompant le bruit de la révolution.
Assommé par la fatigue, il s’allonge sur un banc
Avec un grand sourire aux lèvres fier d’avoir vaincu.
Boris dort paisiblement dans son lit.
Sa femme a observé ses mimiques.
Elle a beaucoup ri en voyant son mari rêver.
Elle en profite comme un cadeau.
En face du lit, une photo d’équipe de rugby
Sur un courrier de l’hôpital.