Comment travailler dans le social quand on est soi-même handicapé, surtout si on bosse dans le milieu du handicap ?
Sourd de naissance, appareillé et oralisant, je n’ai eu aucun mal à travailler auprès des enfants soit ayant des troubles autistiques, des troubles de la personnalité et du comportement, etc. Mon handicap était pour moi un tremplin dans l’utilisation d’un autre langage tel que la communication non verbale, les regards, les gestes. Certains enfants pouvaient se sentir entendus dans leurs différences quand l’adulte est lui-même touché par une « anomalie ». J’ai essayé d’utilisé ma surdité comme une force, un outil de dialogue. C’était un bon prétexte pour dire à l’autre : « Tu vois, si tu cries, je ne t’entends plus. Si tu veux que je te comprenne, aide-moi à t’entendre ».
Mon expérience auprès des adultes déficients intellectuels était aussi très riche et ma surdité passait complètement inaperçue.
Par contre, il y a eu un public qui était très difficile pour moi, ce sont les adolescents, soit ceux des quartiers sensibles ou bien dans des ITEP. Je ne pouvais pas réagir au quart de tour quand il apostrophait. Je n’entendais que les fins de leurs phrases. Je pense aussi que mon handicap leur faisait violence. Ce ne sont que mes hypothèses et mon vécu. Ils ont profité de cette faille pour me faire tourner en bourrique. Il faudrait être solide et sur de ses appuis. Comme je n’entends qu’une oreille, donc en mode mono et non en stéréo, je ne pouvais pas deviner où on l’on criait, on l’on parlait si on ne me prévenait pas. Je me souviens d’un poste d’éduc spé où je faisais de la médiation, un entre deux : La classe et la salle de répit. J’étais souvent dans les couloirs. Un vrai marathon.
Avec mon handicap, il me fallait accepter, comme ça peut l’être aussi pour chacun d’entre vous, de ne pas pouvoir travailler dans tel ou tel endroit à cause de ses limites.
Et travailler avec un public sourd ? Pas si simple. Pour ma part, cela serait se renfermer encore plus dans son propre handicap. Il me fallait m’ouvrir à autre chose, connaître d’autres horizons et pourquoi pas, un jour, avec de l’expérience, je pourrais accompagner des personnes ayant une déficience auditive.
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hello
merci pour ce partage
ayant tous nos handicaps 😉
et étant pragmatique, une question me vient
tu ne tournes pas un peu la tete vers la personne pour avoir l’oreille fonctionnelle en meilleure « position » ?
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Bien sur totalement. Mais je fais en sorte de me mettre à gauche de la personne pour mieux m’entendre!
Merci pour ta visite 🙂
Très bonne journée à toi
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Malgré ma surdité et après 4 interventions chirurgicales, j’ai pu être orthophoniste pendant 20 ans, la surdité m’a rattrapé et j’ai donc été mise en préretraite pour invalidité. Mais j’ai donc travaillé en CMP, enfants et adolescents, public que j’ai choisi et forme de travail en équipe pluridisciplinaire qui m’intéressait; J’ai été très heureuse dans mon métier, qui était aussi une passion et aussi très malheureuse lorsqu’un enfant ne parvenait pas à « grandir » compte tenu de ses propres difficultés, de son environnement, de son histoire parfois très traumatisante, et de mes propres limites dans mon champ de compétence.
J’ai au début d ema carrière essayé « les enfants sourds » mais à l’époque, ils étaient obligés d’oraliser et c’était une sorte de torture pour eux et donc pour moi aussi. Merci Emmanuelle LABORIT!
voilà en résumé mon travail dans le social paramédical.
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Merci beaucoup pour votre témoignage.
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Merci pour cet article dans lequel je me reconnais. je n’ai pas travaillé dans le monde social, mais bancaire pendant 20 ans. Il y a quelques années, j’ai dû arrêter ne supportant plus les bruits environnants. Maintenant, je travaille en tant qu’indépendante après une conversion professionnelle dans le web. Je crée des sites internet chez moi, je peux donc gérer mon temps et mon handicap. En plus d’être sourde bilatérale, de naissance, je lis sur les lèvres. Je ne vois que d’un oeil donc quand on travaille beaucoup sur l’ordi, un moment il faut que je lève le pied. Il est donc très important de respecter son handicap et ses limites. Il ne faut pas vouloir faire plus pour faire plaisir aux clients. Et enfin, j’avais un projet en tête par rapport au monde des sourds signants sur la région, et tu me confirmes ce que je pensais même si ce projet me tenait à coeur, je n’ai plus 20 ans et pas les moyens financiers. Donc, je continue mes sites…Au plaisir, christine
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Merci pour ton témoignage. Bonne journée à toi
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